15 mai 2020

La santé mentale au masculin

Par l'équipe de la Sun Life

Forts, fiers et orgueilleux, les hommes tendent à esquiver les questions concernant leur santé mentale. Pourtant, ils sont nombreux à souffrir de détresse psychologique. Comment leur venir en aide?

Selon le Gouvernement du Canada, la dépression affecte environ 11 % hommes au pays chaque année. Pourtant, ses symptômes passeraient parfois inaperçus.

En caricaturant, on pourrait dire que les femmes dépressives pleurent beaucoup et se sentent tristes, alors que les hommes dépressifs sont irritables et s’isolent. Les deux sexes montrent leur détresse psychologique différemment. Cependant, «une femme peut aussi faire une dépression de type "masculin" et un homme, une dépression de type "féminin"», précise la Dre Marie-Josée Poulin, du département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université Laval et psychiatre à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec.

Elle ajoute que les ouvrages de référence en santé mentale donnent toujours un portrait «féminisé» de la dépression majeure. «On y voit avant tout une personne triste et fragile, qui se sent coupable, a une mauvaise estime d’elle-même et n’a envie de rien», explique-t-elle. Les médecins, qui lisent ces ouvrages, reconnaissent moins bien les symptômes des hommes et passent parfois à côté d’un diagnostic de dépression. C'est pourquoi on a longtemps cru qu’il y avait deux fois plus de dépressions chez les femmes. En réalité, il y en a autant chez les deux sexes. «Beaucoup d’hommes déprimés ne cadrent tout simplement pas dans les critères diagnostiques actuels», précise-t-elle.

Les symptômes chez l’homme

Un homme déprimé peut devenir très impatient et irritable, colérique et agressif. Il ne contrôle plus ses sautes d’humeur. «Il peut aussi avoir ce qu’on appelle des comportements d’évitement, qui signalent la détresse», explique Francine De Montigny, professeure en sciences infirmières et titulaire de la Chaire de recherche sur la santé psychosociale des familles à l’Université du Québec en Outaouais. Des exemples? Accumuler les heures supplémentaires, faire du sport intensivement, trop boire, aller souvent au casino, faire des investissements très risqués, avoir des comportements sexuels à risque ou utiliser sa voiture comme bolide de course.

Les hommes dépressifs s'isolent aussi parfois, refusant de participer à des soupers familiaux ou entre amis, ou encore en se retirant pour écouter de la musique ou surfer sur Internet. De plus, ils éprouvent souvent de vagues malaises physiques, qui vont de la sensation d’être fatigué, tendu et d’avoir mal partout, à l’infarctus. «Ça s’explique par le fait qu’ils refoulent leurs émotions. Très angoissés, ils sécrètent plus d’adrénaline et leur organisme subit un stress constant», résume la Dre Poulin. Par ailleurs, typiquement, les hommes évitent de parler de tristesse, de dépression ou de stress, car ils sont mal à l’aise devant leur vulnérabilité. Ils souhaitent paraître forts, physiquement et mentalement, et ne surtout pas se plaindre. Ils sont donc nombreux à ne pas chercher d’aide pour soigner leur dépression.

Les symptômes doivent être présents depuis au moins deux semaines avant qu'on ne parle de dépression. «Il faut qu'il y ait un changement notable de l’humeur habituelle et que la personne ne puisse plus fonctionner normalement», explique la Dre Poulin. Pourtant, les hommes déprimés continuent souvent de faire leur travail comme d’habitude, et c'est à l'extérieur du travail qu'on ne les reconnaît plus. Et quand on leur fait remarquer qu’ils ne sont plus les mêmes, boivent beaucoup, conduisent trop vite ou ne parlent plus, ils répondent : «ça va passer». Selon eux, il ne peut s'agir d'une dépression, puisqu'ils en ont vu les symptômes chez leur conjointe ou une amie, qui pleurait toute la journée, ne mangeait pas, ne s’habillait pas et ne s’intéressait plus à rien. «La dépression masculine est ainsi masquée aux yeux des autres, mais aussi aux yeux de ceux qui en souffrent», déplore Francine De Montigny.

Comment aider?

Le pire ennemi des personnes dépressives, c’est le silence autour de tout ce qui touche la maladie mentale. Il faut donc en parler ouvertement avec notre conjoint : par exemple, lui dire qu’on s’inquiète, et «le laisser s’épancher sans lui couper la parole», explique la Dre Poulin. «Les amis, de leur côté, peuvent dire : "Je pense que tu as besoin de plus que seulement jouer au hockey trois heures par semaine", indique Francine De Montigny; ils peuvent aussi donner le numéro de téléphone d'une ressource, en ajoutant : "Appelle là, ils vont t’aider."»

Et il faut agir le plus rapidement possible. Contrairement aux femmes, les hommes ont tendance à réagir quand ils sont au bout du rouleau. Il faut donc ne pas les laisser seuls, parce qu'ils peuvent être dangereux pour eux-mêmes (surtout s'ils ont des idées suicidaires), et pour les autres (quand ils adoptent des comportements d’évitement). Les hommes doivent comprendre que demander de l'aide est un signe de force, de courage et de maturité, conclut la Dre Poulin : «L’urgence, ce n’est pas juste quand on fait 42 C de fièvre.»

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