Les Canadiens sont des gens stressés. D'après Statistique Canada, 27 % des travailleurs considèrent que la plupart de leurs journées sont «assez» ou «extrêmement» stressantes. C'est donc près de 3,7 millions d'adultes qui éprouveraient un haut niveau de stress au travail.

Ces personnes se sentent souvent épuisées, anxieuses et déprimées, et dans l'ensemble, leur vie ne les satisfait pas. Elles présentent aussi des symptômes physiques comme des douleurs musculaires, des maux de tête, de la fatigue, des palpitations cardiaques et de l'hypertension. Certaines ont même des attaques de panique, qui sont des épisodes d'anxiété intense.

«C'est un des problèmes dont nous entendons le plus parler», affirme Mark Henick, directeur national des initiatives stratégiques de l'Association canadienne pour la santé mentale. «Lorsqu'on se couche tard et qu'on se lève tôt, le corps se sent menacé et ne relaxe plus après une période d'excitation. Toutes ces périodes ont un effet cumulatif.»

Catie Fenn connaît tout des effets cumulatifs du stress. Personnalité ambitieuse de type A, elle est devenue avocate sur Bay Street à Toronto après ses études de droit. Mais ce mode de vie trépidant s'est avéré éprouvant et peu gratifiant. Mme Fenn a donc décidé de prendre du recul : sans abandonner son emploi d'avocate, elle est devenue professeure de méditation et travaille avec des clients qui ont le même type d'emploi qu'elle.

«La majorité des personnes avec qui je travaille sont des professionnels très performants», explique Mme Fenn. «Ce sont habituellement des gens qui font face à beaucoup de stress.»

Dans ses ateliers de méditation, Mme Fenn guide ses clients et leur enseigne comment prendre quelques minutes chaque jour pour «se déconnecter», trouver un endroit tranquille et respirer, en se concentrant sur chaque respiration. «La visualisation – imaginer une image dans son esprit – peut aussi aider les gens qui ont de nombreuses préoccupations», précise Mme Fenn.

«En plus d'offrir un moment de calme dans la journée et de permettre de se recentrer, la méditation change le cerveau», ajoute-t-elle. De récentes études ont d'ailleurs prouvé cet effet de la méditation. Celle-ci renforce le système immunitaire, améliore la santé cardiovasculaire et réduit la taille des zones du cerveau responsables de la réponse combat-fuite, tout en augmentant la taille de celles qui contrôlent la mémoire et la logique.

Une récente étude menée par des chercheurs de l'Université Harvard a permis de démontrer l'augmentation du volume de matière grise dans l'hippocampe des personnes qui avaient participé à un programme de méditation de huit semaines. L'hippocampe est la région du cerveau responsable de l'apprentissage et de la mémoire. Le volume de matière grise a aussi augmenté dans les parties du cerveau responsables des sentiments de compassion et de connaissance de soi.

À l'inverse, le volume de matière grise dans l'amygdale, siège des sentiments d'anxiété et de stress, a diminué.

Introduction à la méditation

Selon M. Henick, de nombreuses personnes ne s'attaquent pas au problème du stress dans leur vie, malgré les bienfaits qu'elles pourraient en retirer. «La plupart des gens laissent les choses aller», dit-il.

Mme Fenn précise qu'il n'est pas nécessaire de prendre de grandes résolutions pour pratiquer la méditation. Tout ce qu'il faut, c'est un endroit tranquille et confortable où l'on peut s'asseoir ou s'allonger. Comme exercice de respiration, on peut tout simplement inspirer 2 fois en se disant «J'inspire», puis expirer en se disant «J'expire».

Elle suggère de commencer par des petites périodes de 2 minutes par jour pendant 30 jours : «Commencez à méditer régulièrement, puis allongez la durée des périodes.»

La plupart de ses clients ont pour objectif de méditer de 10 à 20 minutes par jour, jusqu'à 2 fois par jour. Cette activité permet de réduire l'anxiété et d'améliorer la qualité du sommeil. Beaucoup disent aussi être capables de gérer plus efficacement les situations stressantes et être plus calmes face aux facteurs de stress quotidiens.

«On peut en tirer bien des avantages», déclare Mme Fenn.

M. Henick acquiesce. Lui aussi médite, en utilisant une application de méditation guidée. «La méditation vous apprend à rester dans le moment présent, mais d'une façon réaliste», explique-t-il. «Ainsi, lorsqu'on se concentre sur le moment présent, on peut garder le contrôle de ses inquiétudes concernant l'avenir.»