05 novembre 2018

Se réorienter, sans tout recommencer

Par Andrée-Anne Guénette

Rares sont les travailleurs qui vont occuper le même emploi toute leur vie. Quand on change du tout au tout, faut-il pour autant repartir de zéro? Pas du tout, répondent ceux qui l’ont fait.

Chérine, 52 ans, rêvait depuis toujours de faire un métier où elle pourrait aider les gens à se sentir mieux dans leur corps. Elle envisageait déjà à l’université de se diriger en sciences de la santé, mais la vie l’a menée en commerce international. Un premier job qui devait être temporaire s’est transformé en emploi à temps plein. Au fil des postes, elle est restée en marketing et organisation d’événements, où elle excellait, jusqu’au jour où la vie lui a offert, tristement, une occasion de revisiter son rêve de jeune fille. «Ma mère est décédée et m’a laissé un héritage généreux. Je me suis dit, c’est le temps ou jamais de retourner aux études, à 46 ans. J’ai opté pour l’ostéopathie, un métier qui combinait les deux choses qui me tentaient : le contact avec les gens et les sciences, qui m’allument.»

Il n’y a plus d’âge pour quitter une carrière qui ne nous fait plus vibrer. Au contraire, il y a de bonnes raisons de le faire : on s’identifie à notre emploi, on souhaite qu’il contribue à définir qui on est et on peut l’occuper plus longtemps, volontairement, lorsqu’on y est heureux. Le Center for Retirement Research du Boston College appuyait cette idée dans son rapport de 2017 qui relevait, entre autres, que les travailleurs dans la cinquantaine étaient plus nombreux que ceux des générations précédentes à changer d’emploi de façon volontaire et que ce changement était profitable pour leur carrière. En effet, ceux qui changeaient d’emploi étaient beaucoup plus susceptibles de travailler encore à l’âge de 65 ans que ceux qui restaient dans leur emploi.

Conséquences à court terme

Ces données sont encourageantes pour ceux qui pensent changer de carrière, mais n’amoindrissent en rien l’ampleur du projet. Les conséquences d’un tel changement peuvent être nombreuses : s’il faut retourner aux études, cela peut entraîner d’importantes pertes de revenus et, sur le plan de la famille, papa ou maman peut être moins disponible. En intégrant un nouveau domaine, il faut parfois accepter que notre salaire diminue, que nos conditions de travail soient moins avantageuses (moins de vacances ou perte d’avantages sociaux, par exemple) ou que notre nouveau poste soit moins élevé que l’ancien. Heureusement, on ne repart jamais réellement de zéro.

Compétences & aptitudes

«Notre expérience de travail et toutes les compétences acquises nous suivent, toujours! rappelle Thérèse Chamia, CHRA, conseillère en talents et culture dans une entreprise à Laval. Ce qu’on appelle dans le métier les ‟soft skills”, ce sont nos compétences et nos capacités que nous conservons, peu importe le métier que nous exerçons.» Des exemples de ces compétences? La gestion des priorités, le sens de l’organisation, défendre son point de vue en réunion, savoir parler devant un public ou s’adresser aux clients, aux fournisseurs et aux employés… «Tout ça, on ne le perd pas, précise Mme Chamia. Bien sûr, il faut apprendre un nouveau vocabulaire dans un nouvel emploi et côté technique, on pourrait devoir repartir à zéro. Mais nos réalisations nous restent.»

C’est un important point à défendre au moment de faire des entrevues d’embauche où notre manque d’expérience dans notre nouveau domaine sera apparent. On n’hésite pas à parler de situations où on a su miser sur nos compétences pour résoudre des problèmes. «Résoudre des conflits, dénouer des impasses ; tout cela transcende les types d’emplois» rappelle Mme Chamia.

Et on n’oublie pas que les recherches d’emploi ne sont pas uniquement une histoire d’envois de CV. Parfois, les études peuvent créer des opportunités de faire ses preuves. C’est ce qui est arrivé à Brendan, 42 ans, un physiothérapeute de formation qui a décidé après plusieurs années de métier de suivre «l’autre partie de son cerveau» pour se réorienter en informatique. «Comme j’avais déjà été gestionnaire de ma clinique de physiothérapie, je prenais assez naturellement la tête de nos travaux d’équipe à l’université. Et cette aptitude a fait en sorte que deux partenaires de projets m’ont recommandé à leur entreprise qui recrutait. Le responsable des Ressources humaines m’a dit en rencontre que cette référence avait fait pencher la balance. J’ai été embauché et rapidement, j’ai gravi les échelons.»

Les réorientations de Chérine et Brendan peuvent sembler spectaculaires, et elles le sont, mais elles ne sont pas rares. Le désir de changement peut être une bougie d’allumage puissante pour braver les recommencements et les retours aux études. Chérine et Brendan rapportent avoir pensé : «Si ce n’est pas maintenant, ce sera quand? Quel sera le bon moment pour mettre ma vie personnelle en veilleuse et me consacrer à ce virage professionnel important?» Ils disent aussi être fort heureux d’avoir osé, même si cela a exigé des sacrifices.

Changer sans quitter

Pas toutes les transformations doivent être aussi spectaculaires. Parfois, c’est possible de tout changer dans le cadre même de notre poste. «Si on aime son employeur et qu’on s’entend bien avec son patron, on peut oser lui parler de notre désir de changement et voir quels aménagements sont possibles à même notre poste», rapporte Thérèse Chamia. «C’est win-win pour l’employeur : il garde une précieuse ressource, qui a bien des chances d’être motivée par ce nouveau défi. Et s’il est réticent, on peut proposer une période d’essai, de six mois par exemple, pour faire ses preuves. Dans le cas où il est impossible de transformer son poste, on n’hésite pas à exprimer notre désir d’évoluer ailleurs dans l’entreprise.»

Chose certaine, peu importe notre réorientation, il ne faut jamais sous-estimer la force de notre réseau. «Nos relations et notre bonne réputation vont nous aider et nous suivre toute notre vie, peu importe où notre carrière nous mènera, rappelle Mme Chamia. On ne sait jamais d’où viendra notre prochaine occasion de carrière.»

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