La plupart des Occidentaux ont découvert l’acupuncture au début des années 1970, beaucoup grâce à un journaliste du New York Times qui accompagnait Richard Nixon, alors président des États-Unis, dans son mémorable voyage en Chine. Le journaliste en question s'était alors fait soigner en ayant recours à cette médecine traditionnelle chinoise et avait livré son témoignage au monde entier. Chez nous, la pratique a été rapidement reconnue, le Québec étant la première province, en 1986, à avoir modifié ses lois afin de réglementer la profession. Longtemps considérée comme une approche ésotérique, l’acupuncture a pris du galon en 1994 quand elle a été reconnue comme une profession autonome, avec la création de l’Ordre des acupuncteurs du Québec.

Aujourd’hui, cette approche thérapeutique est bien encadrée, et, au Québec, il faut détenir un diplôme d’études collégiales en acupuncture pour la pratiquer. Mais, quoique ses bienfaits aient été démontrés, certaines personnes y restent réticentes.

Thérapie médicale ou pratique spirituelle?

Inspirée de la philosophie taoïste, l'acupuncture suppose qu'il existe une énergie qui circule à travers des canaux méridiens dans notre corps. Les acupuncteurs traitent leurs patients en stimulant cette énergie, ce qu'ils font en introduisant des aiguilles très fines en des points précis des tissus ou des organes, dans le but, entre autres, de rétablir l'équilibre du «yin» et du «yang».

Sceptique, le pharmacien Olivier Bernard, qui tient un blogue critique envers les pratiques médicales alternatives (lepharmachien.com), considère pour sa part l’acupuncture comme un traitement de nature spirituelle. «Si les gens recherchent un traitement de cette nature, il est possible que ça fonctionne pour eux», dit-il.

Raymond Bourret, président de l'Ordre des acupuncteurs du Québec (OAQ), ne partage évidemment pas les réticences du pharmacien. «Le fait que l’acupuncture soit fondée sur le taoïsme n’empêche aucunement cette approche d’avoir des bienfaits réels sur la santé. On s’intéresse à des aspects de la matière qui sont très subtils, entre autres avec l’électromagnétique, et qui ne répondent pas aux mêmes lois que celles de la médecine traditionnelle. C’est un autre paradigme, mais c’est tout aussi valide», explique-t-il.

L’Organisation mondiale de la santé reconnaît d’ailleurs la validité de l’acupuncture, puisque celle-ci fait partie de la liste des médecines traditionnelles acceptées, une médecine traditionnelle étant définie comme «la somme des connaissances, compétences et pratiques qui reposent sur les théories, croyances et expériences propres à une culture et qui sont utilisées pour maintenir les êtres humains en bonne santé ainsi que pour prévenir, diagnostiquer, traiter et guérir des maladies physiques et mentales».

Pour qui?

L’acupuncture s’adresse à tous. «Il y a certaines mises en garde pour les personnes qui prennent, par exemple, des corticoïdes ou des anticoagulants, explique Raymond Bourret. Et, quand les patients sont les enfants ou des personnes âgées, les acupuncteurs adaptent leurs techniques d'intervention. Pour les femmes enceintes, il y a aussi des points interdits», ajoute-t-il, en précisant que tous les acupuncteurs sont adéquatement formés à ce sujet.

Plusieurs sportifs ont par ailleurs recours à l’acupuncture pour soigner des traumatismes et des blessures. On l'utilise même avec des animaux : «Plusieurs chevaux de course sont soignés en acupuncture», explique Raymond Bourret, en précisant que la pratique animale est régie par l’Ordre des vétérinaires.

Pour quoi?

Sur le site de l’OAQ, on dresse la liste des troubles de santé pour lesquels l’acupuncture s’est révélée un traitement efficace selon des recherches cliniques rigoureuses. Parmi ceux-ci, on note par exemple l’arthrite, les migraines, la dépression, la diarrhée et certains types de douleurs (dont les douleurs menstruelles). Les gens ont généralement recours à l'acupuncture quand la médecine occidentale ne parvient pas à les soigner, mais, selon Raymond Bourret, consulter un acupuncteur ou une acupunctrice quatre fois par année est aussi une bonne façon de se maintenir en santé.

Comment choisir un acupuncteur?

Le site de l’OAQ met à la disposition du public un répertoire où les acupuncteurs certifiés par l’Ordre sont classés par régions. Pour être membre de l’Ordre, il faut remplir plusieurs conditions, et des règles très strictes encadrent la pratique au Québec. «Les compétences de nos membres ont été vérifiées; ils subissent des inspections aux cinq ans, ils sont obligés d’avoir une assurance professionnelle et l'Ordre a un syndic qui répond aux besoins des patients qui ne seraient pas satisfaits», explique Raymond Bourret.

Et les assurances?

Les traitements d’acupuncture peuvent être couverts par des assurances. «Beaucoup d’assurances privées contiennent des clauses liées à l’acupuncture, mais parfois seulement pour certains traitements, et ça peut varier selon les entreprises, dit Raymond Bourret. Certains traitements sont même couverts en partie par les assurances automobiles pour les accidentés de la route, et par la CSST.»