Malgré les progrès de la science, plusieurs mythes entourant la grossesse ont la vie dure. Voici quelques vérités qui peuvent atténuer bien des peurs.

Dans le cadre de ses cours prénataux, l’accompagnante à la naissance et maman de trois enfants Sylvia Otvos entend toutes sortes de questionnements de futures mamans. Et s’il n’y a pas de mauvaises questions, il demeure que plusieurs fausses croyances peuvent apeurer les femmes enceintes et altérer leur comportement au point de rendre l’expérience de la grossesse beaucoup plus anxiogène qu’elle se doit. Mme Otvos présente les mythes qu’elle entend le plus souvent – et les bons mots qu’elle offre pour rassurer les cœurs inquiets.

1. « Je dois éviter les bains chauds pendant la grossesse. »

La peur de « cuire son bébé » avec un bain trop chaud est très présente, mais elle est fausse. Un bain tiède peut atténuer les courbatures plus fréquentes durant la grossesse, sans compter qu’il peut être d’un précieux secours pendant le travail de l’accouchement. (Il faut cependant éviter le bain après la rupture des membranes.) Le gros bon sens dicte les choses : si on se sent inconfortable, on sort du bain. Selon le National Health Services britannique, peu de recherches se sont penchées sur l’usage des spas et bains à remous pendant la grossesse, mais la sagesse actuelle conseille de les éviter, car ils sont souvent beaucoup plus chauds qu’un bain normal.

2. « La forme du bedon peut prédire le sexe de mon bébé à naître. »

Les légendes abondent en ce sens. Un bedon qui serait plus pointu abriterait un garçon, alors qu’un bedon plus large hébergerait une fille. Pire encore, un mythe tenace voudrait qu’une femme enceinte serait encore plus belle si elle porte un garçon, alors qu’une fillette à naître « volerait » la beauté de sa mère ! Tout cela est pure invention, bien sûr : c’est notre physionomie et la position du bébé et du placenta qui déterminera la forme du bedon. Même d’une grossesse à l’autre, le ventre d’une maman peut être de forme et de taille différentes.

3. « Toutes les femmes sont heureuses d’être enceintes ! Elles rayonnent. »

Ce mythe a le démérite d’être extrêmement culpabilisant pour les mères en devenir. La grossesse n’est pas facile pour toutes les femmes. Entre l’insomnie, les douleurs et courbatures, l’anxiété «normale» de devenir mère et les milles et un questionnements liés au bébé à naître et à la façon dont il changera la vie pour toujours, rien de plus normal que la grossesse ne soit pas uniquement un moment de pur bonheur. Plusieurs femmes n’ont aucun plaisir à être enceintes et cela n’affecte en rien leur capacité de devenir de bonnes mères.

4. « Les nausées liées à la grossesse surviennent seulement le matin. »

Faux. Si environ 80 % des futures mères connaissent des épisodes de nausées ou de vomissements durant le premier trimestre (souvent, entre 6 et 14 semaines de grossesse), ceux-ci ne sont pas limités au matin. La confusion vient souvent du nom anglais de ces nausées, morning sickness, et du fait que les nausées peuvent être exacerbées par le ventre vide du matin. Cela dit, nul besoin de souffrir en silence : on gagne à en parler au professionnel de la santé qui fait le suivi de grossesse. Il y a des façons d’adapter son alimentation (autant ce qu’on mange que le moment où on le mange) pour se soulager. Sinon, l’acupuncture peut être d’un précieux secours, tout comme certains médicaments éprouvés.

5. « Finis les voyages en avion durant la grossesse. »

La peur que l’accouchement se déclenche dans l’avion est assez facile à comprendre. Personne ne voudrait se retrouver dans cette situation, ni la mère en devenir ni les compagnies d’aviation ! À cet effet, chaque compagnie a ses propres règles lorsqu’il est question d’accueillir à bord des femmes qui en sont à leur troisième trimestre (souvent 34 ou 36 semaines, mais parfois plus tôt), et il faut s’informer avant d’acheter son billet. Les mêmes règles de voyage qui s’adressent à tous sont encore plus importantes pour les femmes enceintes : on s’hydrate bien, on se lève souvent pour faire circuler le sang et on privilégie les bas de contention qui peuvent aider à prévenir les caillots sanguins.

6. « Je mange pour deux ! »

Tristement, la grossesse n’offre pas de passeport pour s’empiffrer ni pour consommer n’importe quel type d’aliments en quantités illimitées. Les envies alimentaires que ressentent plusieurs femmes enceintes pourraient effectivement signifier une lacune dans la diète que le corps tente de pallier (envie de sel ou de gras), mais il faut tout de même se méfier. Une prise de poids trop importante durant la grossesse peut augmenter le risque de complications. La prise de poids recommandée durant la grossesse pour une femme dont l’indice de masse corporelle (IMC) se situe entre 20 et 25 serait de 11,5 à 16 kilogrammes (25 à 35 livres), mais chaque femme est unique et il faut en parler à son professionnel de la santé. Quant aux calories supplémentaires nécessaires au bon déroulement de la grossesse, on parle de 0 calorie supplémentaire par jour pendant le premier trimestre, de 340 calories durant le deuxième et de 450 calories durant le troisième trimestre.

7. « Je vais nuire au bébé si je fais de l’exercice. »

C’est archifaux. Si on a déjà conseillé aux femmes d’être le plus sédentaires possible durant la grossesse, on sait désormais que c’est une bien mauvaise idée. En effet, bouger tout au long de la grossesse (à moins de contre-indications médicales) peut diminuer la pression artérielle de la mère, réduire sa glycémie et donc les chances de développer un diabète gestationnel, en plus d’améliorer l’humeur et de favoriser la bonne forme pour l’accouchement. Il ne faut pas commencer un nouveau sport pendant la grossesse. Il faut aussi éviter les sports de contact ou à haut risque de chutes ou de collisions, mais si on bouge déjà, on continue. Et le yoga prénatal, la marche et la natation sont toujours indiqués, même si on n’en a jamais fait, et peu importe notre forme physique avant la grossesse.

8. « Je risque de faire mal à mon bébé si je fais l’amour avec mon conjoint. »

C’est vrai qu’il y a une période d’adaptation lorsque le corps change durant la grossesse, tant pour l’un et l’autre des conjoints. Il faut parfois du temps pour s’habituer à la «présence» du fœtus, mais à moins de certaines conditions médicales, il n’est pas vrai que les relations sexuelles vont «faire mal» au bébé. L’ocytocine, l’hormone de l’attachement qui est libérée pendant l’orgasme, peut être très bienfaitrice pour le corps de la femme enceinte : elle peut augmenter l’attachement envers le conjoint, augmenter la tolérance à la douleur et donner un coup de pouce au système immunitaire. Le bébé à naître est, quant à lui, bien protégé dans son sac amniotique et le col de l’utérus est refermé par un bouchon muqueux.

9. « Je devrais dormir sur le côté gauche. »

Étonnamment, ce mythe est… vrai ! Ce n’est pas une règle absolue, mais on recommande aux femmes enceintes, si elles le peuvent, de dormir sur leur côté gauche. C’est que la veine cave inférieure, qui transporte le sang dans les membres inférieurs, peut être comprimée lorsqu’on dort sur le dos. Dormir sur le côté gauche offre un maximum de transport sanguin vers le fœtus, en plus d’éviter de comprimer le foie avec le poids gagné durant la grossesse et la pression du ventre arrondi. Cela dit, aucun stress si on se réveille dans une autre position; il est parfaitement normal pour le corps de bouger durant la nuit.

10. « Il faut arrêter de manger quantité d’aliments : arachides, produits laitiers, charcuteries, fromages, café… »

Les normes ici sont moins claires et il arrive souvent qu’au fil des études, les recommandations changent. Ce qu’on sait désormais, c’est qu’il n’y a aucune raison d’éviter les aliments les plus allergènes comme les arachides, le sésame ou les produits laitiers durant la grossesse dans l’espoir d’éviter les allergies alimentaires chez le bébé à naître. C’est même le contraire ! Il faut exposer le fœtus aux allergènes, à condition de ne pas être soi-même allergique, bien sûr. Quant aux charcuteries, au poisson cru (sushi), aux fromages au lait cru et aux œufs non cuits, prudence. On recommande de choisir, dans tous les cas, des produits bien cuits, ce qui réduit considérablement les risques. Et le café ? On peut, si on le désire, continuer à en boire, en respectant le maximum de 200 mg de caféine par jour (soit l’équivalent de deux petites tasses de café filtre).

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