Stéphane Fallu (S -)
Bonjour tout le monde ! Bienvenue à De temps et d'argent. Ça, c'est un balado, en collaboration avec la Sun Life, où nous parlons avec des gens d'ici de l'influence de l'argent sur leur quotidien, leur santé, leur bien-être. Je m'appelle Stéphane Fallu.
Oui, oui c'est moi ! Je ne donne pas de conseils financiers, ce n'est pas mon travail.
Non, non, non ! On va parler avec des gens avec des histoires hyperintéressantes.
Et aujourd'hui, je suis content de recevoir Emmanuel Cloutier !
S - Salut Emmanuel !
Emmanuel Cloutier (E-)
Salut !
S - Comment tu vas ?
E - Ça va super bien !
S - T'as pas l'air sûr ?
E - J'viens d'arriver d'une vacance prolongée à l'extérieur du Canada qui a été prolongé par la…
S - La COVID ?
E - La situation avec la COVID, c'est ça.
S - Toi tu étais à quel endroit ?
E - J'étais en vacances avec ma blonde.
E - On était partis pour 6 mois en Asie puis finalement ça s’est transformé en 11 mois.
E - Mais les 5 derniers mois, on les a passés dans sa famille au Brésil.
S - Ok, alors tu as passé 5 mois au Brésil dans la belle-famille.
E - Ouais, dans la belle-famille, à travers la crise de la COVID.
S - C'est une adaptation ?
E - C'était particulier parce que, c'est pas comme si on était dans une situation normale où est-ce qu’on aurait pu aller s'éclater, puis aller sortir, puis aller voir du monde, puis aller visiter des endroits super trippant… D'être en isolation au Canada ou être en isolation au Brésil, ça reste de l'isolation pareille.
Sauf que là, on est chez nous, pour ma première fois depuis 11 mois et 10 jours !
S - Ok, c'est quelque chose. Pis en plus, au Brésil, on s'entend que ce n’était pas facile.
E - Non, ils se sont fait frapper un petit peu plus tard que tout le monde, mais ils se sont fait frapper assez solide.
S - Et comment on survit dans ce temps-là ?
E - Financièrement, on vit des économies des contrats de l'année passée puis de la fin de l'année de l'année 2018, je dirais.
S - Ok.
E - Ça c'est, c'est d'ajuster, le secret principal je pense que c'est d'ajuster son style de vie. Ça c'est ce que j'ai appris. C'est ce que la vie m'a appris par la force des choses. Aussi, ben là, en étant expérimenté, mais tu sais que par période que, si tu veux te la couler douce, ben, faut t'ajustes ton style de vie en conséquence puis les choses vont bien habituellement.
S - Ok, les choses vont bien parce que tu es habitué, tous tes plans sont toujours un peu de l'imprévu.
E - Les meilleurs plans sont ceux qu’à tout moment, tu peux mettre dans la corbeille, pis retourner sur la table à dessin, pis reconstruire le plan de A à Z au complet. J'pense que c'est les meilleurs plans.
S – Toi, Emmanuel, tu travailles dans quel domaine ?
E - Je suis un conseiller en développement d'affaires ou encore un vendeur de carrière, je devrais dire.
S - Ok. Ça c'est ton métier. Pis à travers tout ça. Tu as une passion pour voyager.
E - Depuis ma mi-trentaine, ça fait un petit moins qu'une dizaine d'années-là. C'est bizarre puisqu'à 35, j'étais jamais sorti du Canada pis là j'ai environ 40 pays d'accumulés depuis ce temps-là.
S - Toi avant, t'avais quoi ? Ton appartement, ton condo... Tu avais ton travail, t'étais dans la routine si on peut dire.
E - J'étais un peu plus dans le standard, ouais. J'étais pas encore 100% standard, mais j'étais vraiment dans le 9 à 5.
S - C'est quoi l'élément déclencheur ? Parce qu'il en a toujours un dans ce temps-là.
E - Après une rupture, je suis retourné faire un tour chez mes parents, quelques mois, question de me remettre.
S - Ok
E - Puis j'étais devant mes parents, puis je parlais : « Vous allez voir, je vais faire un move drastique. Je vais faire de quoi. J'vais partir, il va se passer quelque chose ! »
S - Ok
E - C'est ma mère qui est allée dire devant moi exactement ce qui fallait qu'elle dise en disant : « Arrête d'en parler. Je vais le croire quand je vais le voir ! »
S - Ah, ça c'est quand que ça vient de la maman d'habitude qui nous supporte tout le temps. C'est plus dur hein ?
E - C'est en plein ça. Puis, c'est là qu'il y a eu un déclic. Puis pas longtemps après, il y a peut-être à peine 2 mois plus tard. J'étais dans mon auto, j'ai compacté tous ce que je pouvais entrée. J'avais une petite Mazda 3.
S - (Rire)
E - Puis je suis parti en plein hiver. J'ai décidé de traverser le Canada avec rien qui m'attendait. C'est un peu comme sauter en parachute dans le vide, sans parachute.
S - Ok, ça c'est... tu décides ça. C'est le premier, le premier périple. Là, tu ramasses tes économies. Tu pars, puis tu n'as pas de but puisque tu ne sais pas ce que ça prend comme moyen.
E - C'est en plein ça.
S - Ouais.
E - J'ai pas... J'avais aucune idée. Je pense j'avais 5 ou 600$ en argent comptant dans mon compte pis c'était tout.
S - Ok..
E - Puis j'ai décidé de partir pour aller me trouver un emploi, puis je me suis rendu jusqu'à Edmonton en Alberta.
S - Pis rendu là-bas. Qu'est qu'il arrive ?
E - Ça m'a pris quelques semaines. Je me suis trouvé un job de représentant pour Frito-Lay Canada. J’ai vendu des chips pendant presque 4 ans là-bas en Alberta.
S - Ta mère comment elle a réagi ?
E - Quand je suis parti ? Toute bonne maman s'inquiète un peu de voir son gars partir pour aller nulle part. J'avais pas de connaissance là-bas. Je connaissais d'ami, pas de famille.
S - T'étais-tu bilingue, parfait bilingue ?
E - Mon anglais était quand même assez bien.
S – Ok.
E - Ça fait que, ça a décuplé à partir du moment où je me suis rendu là-bas.
S - Et faire la route tout seul pendant ce temps-là, on y pense en tabarnouche.
E - J'en ai eu du temps avec moi-même des 10-12 heures de conduite tout seul dans l'auto à réfléchir, à avoir un peu à repasser ta vie en revue pis savoir qu'est-ce que je veux faire. Où est-ce que je veux aller, revoir les priorités, revoir les projets, revoir toutt’.
Fak, ça ressemblait… Ça a été mon Compostelle en réalité. Je te dirais 7 jours de conduite à travers le Canada à raison de 7-8-9-10 heures par jour. Ça a été quelque chose de bien.
S - Pis il faut pas oublier que tu as quand même 500$ en poche. Pis de l'essence, ça t'en prend !
E - Ouais, Un gros 575$, je crois, dans mon compte en banque au total. Aussi bien que rendu au Manitoba, j'ai été obligé de demander à une couple de mes chums, pis à de la famille, de me prêter de l'argent. J'avais pu d'argent pour mettre du gaz dans mon auto.
S - Avant de partir de ton premier voyage. T'avais-tu une belle qualité de vie ?
E - Je gagnais bien ma vie, mais tu peux bien gagner ta vie, mais à l'intérieur il y a toujours un vide. Pis c’était le cas... Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui sont un peu comme ça.
S - Ah, tellement !
E - On agit en automatisme, mais quand on veut pas trop prendre le temps d'arrêter, parce que quand on arrête pis on se met à réfléchir, on se met à ressentir le vide en dedans, pis de quelle façon je vais le combler. C'est un moment donné à force d'avoir ce vide à l'intérieur que j'étais jamais capable de remplir, que je me suis mis à me poser la question: « Tu veux arriver à destination, tu veux arriver à tes fins, mais tu prends toujours le même chemin. Ça fonctionne pas. Essaye de trouver un chemin différent. »
E - C'est à ce moment-là j'ai commencé à penser : « Peut-être que je pourrais sortir du Canada pour aller voyager ? ». Effectivement, c'est là que je me suis rendu compte que c'est ça qui me manquait.
S - C'est drôle ça, parce qu'on peut le faire à tous les âges. Tsé, moi souvent les jeunes y disent : « Mais moi, je sais pas trop quoi faire ? », j'fais : « Voyage ! ».
Bon, présentement c'est plus dur. Mais voyager, tu te connais un peu plus. Pis tu regardes ce que tu as le goût de faire un peu plus. Moi, je l'ai fait à... 19 ans, je suis parti 2 mois et demi en Europe.
Faire l'Europe sur le pouce ! Pis tsé, moi, je suis un p’tit gars gêné de St-Eustache. Pour moi, j'avais ma blonde, j'avais, mon plan était déjà installé. J'étudiais en soin infirmier. Pis j'ai décidé de m'en aller. Et c'est la plus belle chose que j'ai vécue, apprendre à connaître d'autres choses qui vont rester dans mes bagages. Parce que c'est souvent ça.
E - Tu peux investir dans une auto de luxe. Tu peux investir dans une collection de cartes de Hockey des années '60 qui prend de la valeur. Tous des trucs matériels qui ont de la valeur… Mais, quand t'investis dans une expérience, jamais personne qui pourrait te l'enlever.
S - C'est vrai ça.
E - Tu peux pas la perdre, elle ne prendra jamais de valeur et n'en perdra jamais.
S - Ouais...
E - Elle est à toi, pis elle s'en ira jamais. Elle va toujours être en l'intérieur de toi.
C'est ça qu'il faut comprendre aussi. C'est que, les gens qui disent : « Ah, y’a trop de gens qui gaspillent trop d'argent en allant en vacances. »
S - Ouin
E - C'est pas des vacances. C'est différent voyager pis prendre des vacances, c'est deux choses complètement différentes.
S - Non, non. C'est deux choses. Des fois t'as besoin de juste une pause pis des fois t'as besoin du temps pour toi. Moi, c'est drôle, quand je suis parti en voyage. Toi, ta blonde t'a laissé, t'es parti en voyage. Moi, je suis parti 3 mois et demi pis c'est ma blonde qui m'a quitté. T'as-tu vu ? Le voyage et la rupture. Ya quelque chose, y’a un lien !
E - Ça a pris ça, avant ou après.
S - Ouais, c'est ça. Moi c'était après. Peine d'amour sur la Tour Eiffel. Et voilà ! D'ailleurs c'est tellement drôle ! J'étais sur la Tour Eiffel. Pis je pouvais appeler dans ce temps-là. Pis ça coûtait une fortune. Pis là j'appelle, sa mère répond: « Ah ben, elle est pas là. »
« Ben vous vous parlerez, là, c'est trop compliqué. » Pis, c'est là que je réalise que c'est fini. Pis là je pars à pleurer, j'suis sur la tour Eiffel, et là y’a un gardien de sécurité qui fait: « Ça va ? Tu vas pas sauter ? Va pleurer plus loin. Va pleurer au milieu ! Près de l'ascenseur. Go ! Pleure par là svp… » (rires)
Tu arrives à Edmonton, tu te trouves un job. À partir de là, comment on vit ?
E - Ils m'ont assez rapidement engagé pour une petite ville en banlieue. J'ai pas été engagé directement pour Edmonton. Il y avait un poste de disponible à Cold Lake. Il était à 3 heures et quelques de route au Nord-Est d’Edmonton. C'est vraiment en montant vers le nord de l'Alberta profond.
S - Ok, là, t'es comme à St-Lin, là, t'es un peu plus loin de Montréal.
E - C'est en plein ça ! Pis l'endroit porte bien son nom. Parce que l’hiver, il fait des -35, -38 assez régulièrement.
S - Ok, t'as le chip froid !
E - C'est en plein ça ! Conduisais un petit camion, j'avais mon petit entrepôt. Assez rapidement, je me suis mis à appeler mes clients à leur dire qu’à -35 et -38 y'aurait pas de chips aujourd'hui parce que anyway, il ne va pas avoir de chat qui va sortir pour aller à l'épicerie en acheter avant que ça rebaisse.
S – Ouais ! Après ça, pourquoi t'es revenu à Montréal ?
E - J'ai fait l'aller-retour. J'ai fait Edmonton. Puis Cold Lake en alternance à quelques reprises. Je vivais très humblement, des petits apparts ou un coloc avec un condo à un certain moment donné à Edmonton, on séparait les dépenses. Encore là, c'est une question d'adapter le style de vie. Mais là, mes dettes sont toutes payées en l'espace de 1 an et demi et 2 ans.
S - Ok
E - Pis l'autre année d'après j'avais plein de sous dans mon compte de banque. J'étais rendu à 25-30 000$ de disponible. C'est là que j'ai dit : « tiens, je pars au lieu d’investir et de m'acheter une maison - je suis tous seul, j'ai pas de famille, j'ai rien… » Je suis parti, presque 10 mois faire le tour du monde. Pis c'est là, la première fois en 2014 que mon esprit s'est ouvert à quelque chose de super trippant.
S - Ok, t'as commencé le voyage local, si on peut dire, dans le Canada ?
E - C'est ça.
S - C'est déstabilisant, mais il y a comme quand même quelque chose, une stabilité, dans le même rythme de vie si on peut dire.
E - Ouais
S - Puis là, tu fais: « Non, là, c'est pas assez pour moi ». Quand tu prends une décision comme ça, ton entourage comment il réagit ?
E - Tu vis avez les commentaires. T'as des gens qui sont là: « Vas-y, je t'encourage ! », puis, « Si j'étais à ta place, mautadit que je le ferais ! »… Puis t'as d'autres gens qui sont: « Tu devrais y penser 2 fois avant de tout laisser en arrière de toi et puis recommencer encore. Tu es rendu dans ta trentaine déjà. » Tu vis avec. Les gens ont tendance à envoyer un peu de leurs peurs. Ils te font part de leurs propres insécurités.
S - Ah ben ouais.
E - Fak, tu vis avec ça, tu vis avec. Mais c'est le fun parce qu'il y a quand même quelque personne clé puis quelque personne qui me sont très chère qui m'ont dit: « Regarde, arrête de penser, tu penses trop, vas-y, fais-le ! »
S – Ouain.
E - C'est quand que tu te rends compte que tu fais la liste : « Qu'est-ce que je veux plus tard ? Qu'est-ce que je veux dans les 5 - 10 - 20 prochaines années ? Comment je vois ma retraite ? Vois-tu ma retraite en Floride avec un Condo avec un VR avec un chalet sur le bord d'un lac ? ». Tous ces trucs-là.
S - Ce qui est bien. Si c'est ton choix, si c'est ça que tu veux. Tu peux le faire. Puis c'est parfait !
E - C'est en plein ça ! Si la personne le voit pis le sens, pis c'est ça qu'a veut, qu'elle aille pour ça ! Mais ma vision du futur et ma vision de ma retraite a changé complètement, en réajustant. C'est ce que je disais tantôt, j'avais un plan il y a 10 ans, puis j'avais un autre plan il y a 20 ans… Puis tous ces plans-là, j'ai encore des plans aujourd'hui, ils ont été complètement...
S - …été chamboulé. Ouais.
E - Ils ont été jetés aux poubelles ! Puis je suis retournée sur la planche à dessin pis je les ai redessinés au complet.
S - Ok, pour toi Emmanuel, tu parles de plans depuis le début. C'est important même si tu voyages d'être organisé dans tes plans. Si tu décides de voyager et trouver un emploi, il faut vraiment que tu ailles une structure quand même assez rigide pareil pour que ça fonctionne.
E - Il faut que oui, ça prend des objectifs parce que sinon on va jamais nulle part. C'est un peu en partant vers l'Ouest pays que quand je suis parti vers l’Alberta, sans vraiment savoir vers où je m'en allais, que ça c'est défini. Parce qu’avant ça, pourquoi je tournais en rond ? C'est parce que j'en avais pas d'objectif. Ou à peu près pas.
S - Ouais..
E - Donne-toi des directions pis c'est drôle tout le reste va s'arranger ! C'est ça que je me suis rendu compte avec le temps.
S - Ok, puis parfois en habitant dans des endroits qu’on ne s’attend pas. C'est là qu'on vit les plus belles choses - avec les habitants, avec le local, les paysages, la gastronomie - qu'on ne s'attend pas.
E - Les plus trippantes expériences que j'ai pu avoir c'est toutes des choses qui était pas du tout planifiées… Et qui sont passées dans des situations que je n'aurais jamais cru me ramasser.
Je me suis ramassé au Vietnam, j'avais le projet de m'acheter une petite mobylette, pis de faire le Vietnam du nord au sud au complet à mobylette. J'ai fait presque 4000km de mobylette en 22 jours.
S – Ouais.
E - Je suis parti de la capitale Hô Chi Minh-Ville, au sud, je suis monté à la ville de Hanoï, au nord. Puis à travers ce voyage-là, un moment donné, je me suis ramassé… j'ai eu un bris sur ma mobylette et il a fallu que je la fasse réparer. Mon mécanicien ne parlait à peu près pas anglais. Il devait déblatérer à peu près 25 mots en anglais. Il n'était pas capable de faire de phrase au complet. Mais à force d'avoir du fun avec, en réparant ma mobylette, je me suis ramassé dans sa famille. Dans un souper de famille. Ils faisaient un party pour célébrer 2 bébés qui étaient nés, il n'y a pas très longtemps. J’ai mangé avec eux autres un souper classique vietnamien, assis à terre dans la cuisine, avec à peu près 18 membres de famille autour de moi puis à manger du Vietnamien avec eux autres.
S - Puis être accueillis, être bien accueillis.
E - Comme si je faisais partie de la famille.
S - Juste comment t'en parles, on sent le bonheur, on sent le souvenir. Toi, tu décides de voyager. Alors tu me dis à peu près combien de voyage ? Emmanuel ?
E - Pas tant beaucoup de voyage. Mais là, dernièrement, comme j'ai dit, on a fait 6 mois, j'ai refait 6 mois, en Asie du Sud-Est avec ma conjointe.
S - C'est ça, c'est là que je veux aller ! Les voyages seul au début. Puis quand est-ce que la conjointe ou le désir d'être avec quelqu'un pour vivre cette expérience-là, arrive ?
E - C'est pendant le premier voyage en réalité, je me suis dit que ça serait beaucoup plus trippant de le faire avec quelqu'un de spécial.
S - Ouais !
E - L'expérience est complètement différente. Parce que là, il faut penser pour 2 au lieu de penser pour 1. Il faut planifier à 2. Mais ç’a été tellement trippant. On a appris.
On se connaissait plus ou moins. On s'est rencontré le dernier contrat que j'ai fait. J'étais consultant en croisière sur les bateaux de croisière. C'est là-dessus que j'ai rencontré ma conjointe qui est Brésilienne qui travaillait sur le bateau dans un autre département. On se croisait pis un moment donné, on a commencé à se parler. Ça a cliqué. Puis on a décidé de garder contact.
Puis l'année passée elle est arrivée au mois de juin. Elle a passé l'été avec moi pendant 4 mois. Je lui y dis : « Regarde - ça, c'était avant l'histoire de COVID, ça existait pas encore à ce moment-là - c'est le temps ou jamais, on a pas d'emploi fixe ni un ni l'autre. J'ai quand même été capable de mettre des sous de côté considérablement avec le dernier contrat que j'ai faites. Profitons-en donc pis allons donc faire le trip de notre vie. Pis allons voyager ensemble. Allons faire un 5 à 6 mois à travers, on se prend un endroit à travers la planète… Pourquoi pas, l'Asie du Sud-Est ! »
J'avais beaucoup aimé. Pis pas juste ça. Tu peux aller loin avec de l'argent canadien, ça vaut en majorité entre 10 et 500/1000 fois ce qu'une unité de leur monnaie va valoir. C'est plaisant dans ce temps-là.
On s'est payé un bon trip.
Jusqu'à temps qu'on aille dû revenir en catastrophe parce que là c'était le temps ou jamais. Les frontières de tous les pays commençaient à fermer.
S - Ok, mais ça prend quelqu'un qui veut embarquer avec toi à la base. T'as rencontré quelqu'un qui fait: « Hey, moi aussi j'ai envie ! ».
E - Ouais.
S - Tu as ces deux personnes qui peuvent se le permettre aussi de faire un hold sur leurs vies professionnelles, familiales pour juste faire : « Regarde, on part les deux ! »
E - Effectivement, elle était pas tant vendue que ça. Parce qu'elle n'avait pas voyagé beaucoup encore. À part faire les quelques pays qu'on voyait quand on travaillait sur le bateau. Au bateau de croisière, on arrêtait à certains ports puis on pouvait voir. Mais tu vois juste une petite ville ou un port, tu vois pas le pays en entier. C'est pas comme un voyage. Ça fait que non, j'ai eu un petit job de… C'est là que j'ai sorti mon expérience et mes talents de vendeur de carrière pour essayer de vendre le projet à ma blonde !
S - (Rire)
E - Elle était acheteuse d'une façon ou d'une autre. Fak c'était pas si difficile que ça à vendre. Elle a dit: « J'embarque ! ». Finalement on a trippé. C'était extraordinaire.
S - Tu pars comme ça. Bon, un imprévu : une pandémie mondiale. Tu t'en vas au Brésil 5 mois. Là, tu retournes dans ta tête aussi un peu. Pour l'avenir qu'est-ce qui se passe avec toi ?
E - C'est sûr que là, au départ. On était censés être là-bas cette semaine. Le problème n’était pas le Canada. Le Canada m'aurait repris à peu près n'importe quand étant un citoyen canadien. Puis comme on était en union légale notariée et que tous les papiers… Elle était sur une liste d'exception, pour revenir avec moi au Canada.
Mais les vols étaient toujours annulés pis reportés, pis reportés…
S - Ok
E - Un mois plus tard, 3 semaines plus tard. Ça s’est étiré sur 5 mois. Mais moi, j'ai des projets personnels de démarrage d'entreprise que je voulais démarrer cette année à la fin de l'été au moment où est ce qu'on se parle ou presque.
S - Oui
E - Par contre, ça risque d'être reportés au printemps de 2021.
S – Ok.
E - On va faire de la planification pis on va vivre. On va garder nos standards de vie bas.
En attendant pouvoir exploser pis de retomber sur nos pieds comme il faut. Pis de se lancer peut-être au début au printemps de l'année prochaine.
S - Ok, là, ça va être, on se stabilise un peu pour un certain temps.
E - C'est en plein ça.
S - Ouais, avoir le projet pis peut-être le voyage plus tard. Ça va être d'autres personnes. Peut-être avec des petits ou des petites, on ne le sait pas.
E - Quand on est retourné dans chambre sur la table à dessin l'année passée. On a déjà le projet peut-être d'ajouter 1 ou 2 membres dans la famille d'ici la fin de l'année prochaine… Quelque chose comme ça !
S - C'est quand même intéressant. Là, ta mère aujourd'hui, t'es revenu, pis qu'est qu'elle te dit quand elle te regarde, là avec ta blonde ? Est-ce qu'elle fière de toi ?
E – Mes parents ne l'ont pas exprimé encore. Mais je pense qu'à l'intérieur, surtout particulièrement ma mère, doit se dire : « heille, j'ai-tu bien faites de lui donner la claque dans le visage que je lui ai donné en 2011 quand je lui ai dit: mon p’tit gars, je vais te croire quand je vais le voir »
S - Les dix prochaines années, on les voit comment ?
E - C'est le temps pour la stabilité pis de se planter les pieds et de travailler pour la famille. Projet d'entreprise, projet familiaux, projet d'investissement aussi peut-être dans le pays d'origine de ma copine, le Brésil.
S - Ben, ça reste dans la même veine si l'on peut dire ?
E - C'est ça ! Il reste qu'il va peut-être avoir une petite résidence secondaire là-bas où est-ce qu'on peut passer nos vacances et où on va pouvoir passer du temps. On le ferait au Brésil proche de sa famille.
S - En tous cas, ce sont des super beaux projets ! Emmanuel, pour de vrai, je te trouve courageux, mais en même temps tu t'es choisi pis je crois que c'est important.
E - Je pense c'est ça la recette du succès. C'est que peu importe la direction qu'on veut prendre, c'est de la trouver, premièrement, de se trouver une destination. Mais c'est jamais une destination finale tant qu'on arrivera pas à la fin de notre vie. Mais c'est aussi de faire les sacrifices qui vont s'y rattacher. Puis aussi de ne pas essayer de tomber dans ce panneau-là d'essayer de vivre la vie des autres. Mais de se... de pas s'oublier de penser à nous autres. C’est pas égoïste de penser à nous autres. Parce que si tu es malheureux…
S - Ouais
E - Essaye de rentre quelqu'un heureux à coté de toi ou autour de toi.
S - Tu vas être incapable !
E - Ça va très très mal. Si je peux tirer une leçon des 15 dernières années de ma vie, la plus belle leçon que j'ai appris, c'est que j'ai pas besoin d'être millionnaire pour être heureux.
S - Ah ben c'est beau. Moi je pense qu'on va finir là-dessus. Et voilà, hey, merci beaucoup Emmanuel. C'était vraiment intéressant.
E - Ça me fait super plaisir
(Musique)
S - Merci tout le monde ! Merci d'avoir écouté !
L'argent, on peut réaliser que ça joue un rôle énorme dans nos vies. Mais c'est pas toujours facile d'en parler. Je pense que c'est important d'en discuter de manière ouverte et franche parce que ça peut améliorer notre santé mentale, physique ou financière.
Si vous avez des questions, ben, vous pouvez trouver des ressources pour vous aider à Sunlife.ca
Merci d'avoir écouté cet épisode du Balado De temps et d'argent ! Mon nom est Stéphane Fallu. Ce fut un plaisir !