Depuis des décennies, les Canadiennes se battent pour être reconnues comme étant aussi compétentes que les hommes et pour obtenir les mêmes conditions salariales qu’eux. Il y a toutefois une chose que les hommes semblent mieux faire qu’elles : demander une augmentation de salaire. Or, cela a des répercussions cruciales sur leur rémunération tout au long de leur vie et fait persister l’inégalité salariale entre les sexes.
Qu’est-ce que l’écart salarial entre les sexes?
Les Canadiennes continuent de gagner considérablement moins que les hommes, peu importe le poste qu’elles occupent ou leur niveau de scolarité. Selon les données du recensement publiées par Statistique Canada en 2017, le salaire médian des femmes titulaires d’un baccalauréat s’élevait à 68 342 $ en 2015, tandis que celui des hommes bacheliers se chiffrait à 82 082 $. Cela signifie que les femmes ayant fait des études universitaires gagnaient alors 13 740 $ de moins que leurs homologues masculins. C’est un écart troublant qui, malheureusement, existe à tous les niveaux de scolarité.
De plus, si l’écart se fait sentir pendant toute la vie active des femmes, il a aussi des répercussions sérieuses pendant leur retraite. Si vous gagnez moins, vous économiserez probablement moins et, puisque les femmes vivent en général plus longtemps que les hommes, vous devrez faire durer vos économies pendant un plus grand nombre d’années que vos collègues masculins.
Plusieurs des raisons expliquant l’écart salarial doivent être abordées sous l’angle sociétal ou culturel. Ainsi, les femmes sont plus susceptibles d'occuper un emploi à temps partiel pour assumer les responsabilités liées aux soins des enfants ou occupent en grand nombre des emplois qui sont détenus traditionnellement par des femmes et qui sont moins rémunérés.
Les femmes peuvent toutefois faire quelque chose pour améliorer leur potentiel de gains, dès le début de leur carrière et jusqu’à leur retraite : apprendre à ne pas avoir peur de demander une augmentation. «Chaque femme devrait avoir cette conversation avec son supérieur. Faites vos recherches, puis demandez», affirme Karlyn Percil, accompagnatrice en développement personnel établie à Toronto qui a quitté un poste influent pour aider les femmes à perfectionner leurs aptitudes en matière de leadership et à avoir du succès.
5 conseils pour vous aider à demander une augmentation
- Faites vos devoirs. Cherchez l’échelle salariale rattachée à des postes similaires à ceux que vous occupez. Communiquez avec le Service des ressources humaines de votre entreprise pour demander s’il y a une fourchette salariale pour votre poste de manière à savoir où votre salaire se situe dans l’échelle. Vous pouvez aussi trouver la rémunération que d’autres entreprises accordent pour un poste semblable en vous rendant sur Glassdoor ou en parlant à un recruteur. Si vous vous rendez compte que vous êtes justement rémunérée pour le travail que vous faites, n’hésitez pas à demander quand même une augmentation (ne serait-ce que pour vous exercer), mais envisagez de travailler à obtenir une promotion pour toucher cette augmentation.
- Mettez en évidence vos réussites. «Gardez un document PowerPoint sur votre bureau pour pouvoir y verser une copie d’écran chaque fois que quelque chose de génial (p. ex. une réalisation importante) se produit», indique Cher Jones, spécialiste des médias sociaux et mentor en matière de marque personnelle. Assurez-vous de réfléchir à ce qui compte pour votre employeur et gardez des fichiers qui attestent votre soutien aux objectifs de l’organisation. Ajoutez tout élément probant, par exemple les campagnes ou les rapports sur lesquels vous avez travaillé et les résultats obtenus, ou même les courriels comportant des commentaires favorables de dirigeants principaux ou de clients.
- Soyez authentique. Votre supérieur vous connaît sans doute assez bien, et, si vous êtes d’un naturel agréable et poli, l’adoption d’une approche intransigeante et agressive pour demander plus d’argent pourrait l’étonner davantage que l’impressionner. Soyez vous-même. Vous serez plus à l’aise et, au bout du compte, plus crédible.
- Exercez-vous. Répétez avec des amis et des membres de votre famille jusqu’à ce que soyez naturelle. «Ainsi, ce ne sera pas la première fois que vous direz vos arguments lorsque vous rencontrerez votre supérieur», explique Mme Jones. Si vous êtes encore nerveuse, vous pouvez vous préparer mentalement à la rencontre, ou vous pouvez admettre franchement votre inconfort avant de passer à la suite des choses. Reportez-vous à vos notes si vous voulez être sûre d’aborder tous les points dont vous souhaitez parler.
- Surveillez votre langage corporel. «Assurez-vous que vos comportements non verbaux concordent avec vos paroles», indique Mme Percil. Tenez-vous droite plutôt que mollement, et essayez de maintenir un contact visuel lorsque vous vous adressez à votre supérieur. Pour en savoir plus long sur le pouvoir du langage corporel, voyez ce qu'en dit la psychologue Amy Cuddy (en anglais seulement).
Continuez d’essayer de briser le «plafond de verre»
Demander une augmentation peut être difficile, mais cela peut aussi donner beaucoup de pouvoir. De plus, chaque fois que vous sollicitez une augmentation, vous faites un pas vers l’égalité salariale pour les générations futures. «Lorsque vous sollicitez une augmentation, pensez aux femmes qui viendront après vous, recommande Mme Percil. Pensez à l’héritage que vous leur laisserez. En réclamant ce qui vous est dû, vous pourriez améliorer leurs salaires et la perception qu’on aura des femmes dans votre domaine.»