19 octobre 2015

Survivre au deuil d’un proche

Par Marie-Claude Fortin

Perdre quelqu’un que l’on aime est une épreuve qui peut parfois paraître insurmontable. Comment survivre au choc? Quelques conseils pour vivre un deuil le mieux possible.

Il est bien loin, le temps où l'on «portait le deuil», vivant notre chagrin au vu et au su de tous. En fait, beaucoup des rites liés à la mort ont disparu, mais le deuil reste, lui. Comment peut-on le vivre aujourd'hui?

«Notre société est mal à l’aise avec le deuil et avec tout ce qui prend du temps et qui implique de la souffrance», explique Mélanie Vachon, professeure au département de psychologie de l’UQAM. Aujourd’hui, trop souvent, c’est en silence que l'on préfère souffrir, par pudeur ou par peur de déranger. «On exige des gens qu'ils tournent la page rapidement, regrette Sophie Chartrand, directrice de la Maison Monbourquette, un organisme qui offre, depuis 2004, des ressources et du soutien aux personnes endeuillées. Mais un deuil, ça ne se fait pas en deux semaines! Le travail du deuil est un processus qui demande du temps. Et ce temps, il faut se le donner.»

Patience dans l’azur

«La première chose que je dis aux gens endeuillés, c’est : soyez patients envers vous-mêmes, bienveillants, indulgents, dit Mélanie Vachon. Vous passerez peut-être des journées entières en pyjama, à pleurer toutes les larmes de votre corps. Vous avez le droit! Et rassurez-vous, c’est normal d’avoir encore de la peine après plusieurs mois. Il ne faut surtout pas chercher à éviter la douleur.»

Comme l’écrit le Dr Christophe Fauré, psychiatre, dans son livre Vivre le deuil au jour le jour, «il faut traverser la douleur de la perte si on veut un jour l’apaiser; il n’y a pas d’autre issue, pas d’échappatoire possible». On aura beau fuir tête baissée dans le travail, les voyages, l’activité effrénée, c’est comme lancer un boomerang. «Tôt ou tard, cette souffrance nous rattrapera, prévient Mélanie Vachon, sous la forme d’une grave dépression, d’un burn-out ou d’une fatigue extrême.»

Les mots pour le dire

Alors, comment faire? Sophie Chartrand en est convaincue, il est primordial d’accueillir toutes les émotions qui nous assaillent, sans se censurer : colère, soulagement, culpabilité, peuvent s’ajouter au chagrin. «On peut à la fois se sentir soulagés de la mort d'un conjoint ou d’une conjointe qui souffrait et avoir de la peine : ça ne fait pas de nous des monstres! Tout comme on peut en vouloir à une personne qui s’est suicidée, tout en l’aimant. L’ambivalence dans les émotions qui suivent un deuil est tout à fait normale.»

Accueillir les émotions comme elles viennent, les identifier, les nommer, mais aussi les partager. Car l’isolement est l’un des dangers que courent les personnes qui vivent un deuil – surtout après quelques mois, quand le soutien des proches diminue. Or, pour se faire aider, il faut exprimer nos besoins clairement. «Vous verrez, oser demander est déjà un grand pas, assure Sophie Chartrand. N’hésitez pas à dire que vous avez de la peine et que vous avez besoin d’aller prendre un café pour en parler. Souvent, les gens de notre entourage n’osent pas mentionner le nom de la personne décédée, parce qu'ils croient que ça ravivera nos blessures; ils tentent alors par tous les moyens d’éviter le sujet. Il faut leur expliquer qu’au contraire, ça nous fait du bien d’en parler, d’échanger sur nos souvenirs communs.»

Quand on n'a personne à qui parler, il ne faut pas hésiter à aller chercher de l’aide. De nombreux groupes d’entraide offrent soutien et réconfort, et l'on y trouve des gens qui comprennent notre souffrance parce qu’ils la vivent ou l’ont vécue. Et, si l'on est allergiques aux groupes, il y a des lignes d’écoute, comme celle de la Maison Monbourquette, où l'on peut s'exprimer en toute confiance.

Des rituels comme baume à l’âme

Allumer une bougie tous les soirs en pensant à notre sœur disparue, aller déposer des fleurs sur la tombe de notre conjoint ou lui écrire des lettres que l'on brûlera ensuite, voilà autant de rituels qui peuvent aider à mieux vivre un deuil. «Ce sont des gestes simples mais concrets, et c'est très apaisant», explique Andrée Lafontaine Séguin, qui travaille depuis des années à L’Hibiscus, un groupe d’entraide pour les personnes endeuillées de la région de Québec.

Ces gestes symboliques aident à apprivoiser la douleur. «N’oublions pas que le terme "deuil" est issu du mot latin "dolus", qui signifie "douleur", rappelle Sophie Chartrand. Vivre notre deuil, c’est donc vivre notre douleur. C’est difficile, ça demande beaucoup de courage, mais, paradoxalement, c’est quand on arrive à regarder en face notre douleur qu’on finit par s’apaiser et s’ouvrir à autre chose.»

Et des clés pour aider une personne proche à vivre son deuil

  • Écouter, ne pas donner de conseils, avancer à son rythme;
  • Valider sa souffrance, lui faire comprendre qu’elle est normale, l’accueillir;
  • Ne pas sous-estimer l’importance de l’aide concrète – cuisiner, faire du ménage, garder les enfants, tondre le gazon;
  • Offrir notre soutien pour accomplir les démarches administratives inévitables au moment d'un décès.

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