14 octobre 2014

Comment se sortir d’une dépression post-partum

Par Linda Priestley

Vous venez d’accoucher, et au lieu de ressentir une grande joie, vous êtes déprimée. Vous vivez peut-être une dépression post-partum. Des conseils d’expertes pour vous aider à vous en sortir.

Vous venez d’accoucher, et, au lieu de ressentir une joie indicible, vous êtes déprimée et beaucoup plus fatiguée que vous ne devriez l'être. Il s'agit peut-être d'une dépression post-partum, et il est possible de la dépister et de la soigner. Voici comment.

Quand rien ne va comme prévu

« Tout sera parfait », s’était dit Marie, qui a eu une petite fille il y a deux ans. Femme de carrière et marathonienne, Marie avait souhaité que l’accouchement ait lieu sans péridurale. La chambre de bébé était prête, et ses dossiers au bureau étaient en ordre. L’accouchement ne s’est toutefois pas déroulé comme prévu, et la première fois que Marie a tenu son bébé dans ses bras n’a pas été aussi idyllique qu’elle se l’était imaginé. Incapable de faire face aux nuits blanches qui ont suivi, elle s’est vite sentie incompétente. « Pendant des semaines, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je regardais mon enfant et je pleurais. En plus, je n'arrivais pas à allaiter. Devant tout le monde, je jouais le jeu, mais en dedans ça n’allait pas du tout. »

Le syndrome de la supermaman

« Je ne suis pas une bonne mère », se disait-elle. Habituée à viser la perfection, elle s’est sentie honteuse. « La dépression post-partum est un épouvantable voleur de bonheur, affirme la Dre Marie-Josée Poulin, qui enseigne au département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université Laval et travaille en psychiatrie périnatale depuis 30 ans. En Amérique du Nord, environ une femme sur cinq présente un début de dépression post-partum. Je dis "début", parce qu’heureusement, de nos jours, les intervenants du milieu de la santé sont mieux préparés à détecter cette maladie mentale. »

La spécialiste note cependant qu’il y a encore un énorme travail à faire sur le plan social. « Ça reste un sujet tabou : c’est difficile pour les gens d’imaginer qu’une mère puisse être déprimée après un accouchement. La pression est donc énorme. » Gaëtane Tremblay, directrice générale du groupe Les Relevailles, a vu plusieurs mères se culpabiliser : « Elles acceptent mal l'écart entre la mère idéale qu’elles veulent être et la mère épuisée et fragile qu’elles sont en réalité. »

Reconnaître les symptômes

La dépression post-partum peut être légère, modérée ou sévère. Les dépressions légères se résorbent parfois d’elles-mêmes, tandis que celles qui sont de modérées à sévères peuvent durer des mois, voire de quatre à six ans, affirme la Dre Poulin. « Il s’agit d’une maladie, dit-elle. D’où l’importance d'en reconnaître les signes et de consulter pour se soigner. » Humeur triste, tendance à pleurer, perte d’intérêt, fatigue au-delà de ce qui est normal après un accouchement, troubles de concentration, sentiment de culpabilité, baisse d’estime de soi, impression de ne pas être à la hauteur : ce sont des symptômes que donne le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DMS), explique la psychiatre. « Dans les cas extrêmes, une femme peut avoir des idées suicidaires, et aller jusqu'à se tuer et à tuer son bébé, qu'elle ne veut pas abandonner. »

Demander de l’aide

La première étape pour Marie a été de reconnaître son état dépressif. « C’est comme un coup de poignard, dit la Dre Poulin, surtout quand il s’agit d’une première dépression. » Mais, en acceptant ce qui lui arrivait, Marie a fait un pas essentiel; elle a ensuite ravalé son orgueil et demandé de l’aide. « J’ai participé à des groupes de discussion qui m’ont fait un bien énorme. J’ai compris que ne pas pouvoir allaiter ne faisait pas de moi une mauvaise mère. J’ai même demandé à mon conjoint de s’occuper des biberons! Des amies sont venues pour faire le ménage, et j’ai étiré mon congé de maternité. Du coup, je suis devenue une mère plus présente et plus heureuse. »

Le traitement diffère selon les cas. « Le plan d’intervention est adapté aux besoins de chaque femme, selon les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux qui ont provoqué la dépression, précise la Dre Poulin. Certains cas nécessitent la prise d'un médicament — un antidépresseur compatible avec l’allaitement. L’important est que les femmes sachent que ça se soigne. Si elles ont un autre enfant, elles seront capables de reconnaître les symptômes et de réagir rapidement. »

La dépression post-partum… version masculine

À la naissance d'un enfant, les pères subissent aussi une lourde pression sociale et traversent une véritable crise d’identité. On ne s’étonne pas alors qu'ils puissent également vivre une dépression post-partum. « On n'a pas de statistiques, dit la Dre Poulin, mais on sait que les signes sont différents : les pères sont plus irritables, adoptent des comportements à risque, comme boire ou conduire vite. Ils veulent un enfant, mais, quand il arrive, ils se détachent, et ça se termine parfois par une séparation. » Les hommes doivent alors eux aussi consulter leur médecin de famille et possiblement être suivis en psychiatrie.

Quelques façons de lancer un S.O.S. 

  • Parler à son médecin, à son gynécologue ou à son obstétricien : c’est le point de départ pour pouvoir ensuite voir un psychiatre.
  • Se confier à l’infirmière du CLSC (qui rend généralement visite aux femmes qui viennent d’accoucher). Les CLSC font passer aux nouvelles mères le test d’Édimbourg, qui permet le dépistage de la dépression post-partum. Il y aura alors un suivi.
  • Si les symptômes sont graves, se présenter à l’urgence psychiatrique d’un hôpital.
  • À savoir : il existe dans les CSSS des programmes enfance-jeunesse-famille où intervenants psychosociaux, travailleurs sociaux et psychologues proposent différentes formes d’aide (consultations, ateliers, thérapies, soutien à l’allaitement, services à domicile).

D'autres ressources :

Tandis que vous réfléchissez à votre argent, passez à l'action et essayez notre Outil Brillant départ.

Obtenez GRATUITEMENT des conseils, des outils et des offres personnalisés.

Je comprends que je peux me désabonner en tout temps et je confirme que cette adresse courriel m'appartient. Renseignez-vous davantage sur la protection des renseignements personnels ainsi que sur la façon dont nous recueillons des données pour vous offrir du contenu plus pertinent.

Outils et calculateurs

Calculateur de l'espérance de vie

Voyez jusqu'à quel âge vous pourriez vivre et ce que vous pouvez faire pour vivre plus longtemps et en santé – maintenant et à la retraite.

Calculateur de l'avoir net

Voyez jusqu'à quel âge vous pourriez vivre et ce que vous pouvez faire pour vivre plus longtemps et en santé – maintenant et à la retraite.

Besoin de conseils financiers?

Prenez de bonnes décisions grâce à des conseils avisés. Parlez à votre conseiller ou trouvez-en un près de chez vous – parler à un conseiller, c'est rassurant et ça n'engage à rien.