Depuis quelques mois, le couple de Caroline et Thomas bat de l’aile. Ils se disputent à tout bout de champ, multiplient les sorties en solo et s’évitent les fins de semaine. Bref, le courant ne passe plus. Et puisqu’ils n’ont pas d’enfants, rien ne les force à se parler au quotidien. Jusqu’au jour où Caroline décide de prendre une pause et de retourner vivre dans le sous-sol de sa mère pendant quelques semaines. Cette bouffée d’oxygène pourra-t-elle les aider à mieux se retrouver? Pas nécessairement, estime Micheline Dubé, psychologue et médiatrice familiale au Centre professionnel du Plateau Mont-Royal, à Montréal.

Définir les règles

Le succès de cette démarche réside dans la façon dont elle est effectuée. Il est donc important d’en définir les règles et les limites. «Quel type de pause veut-on? Est-ce une rupture déguisée ou une tentative sincère d’améliorer les choses? Les partenaires veulent-ils rester fidèles ou souhaitent-ils en profiter pour aller voir ailleurs? Vont-ils habiter sous le même toit ou changer de domicile? Ce sont autant de questions auxquelles il faut répondre ensemble avant de prendre une pause», explique Mme Dubé.

La psychologue cite en exemple un couple ayant décidé de faire chambre à part pendant un mois, ce qui leur a permis de repartir sur de bonnes bases. «De cette façon, ils ont pu retrouver leur espace et faire des activités avec leurs amis tout en demeurant fidèles. Ils ne se sentaient plus d’obligations l’un envers l’autre, comme préparer les repas ou faire certaines tâches domestiques. La pause a réussi parce qu’ils en avaient fixé les balises au préalable», explique Micheline Dubé.

Pour faciliter le processus et mettre davantage de chances de son côté, Micheline Dubé recommande toutefois d’aller chercher de l’aide. «Si on est en colère, frustré, une pause ne changera pas grand-chose. Idéalement, on consulte et on se fait accompagner pour pouvoir désamorcer la situation et réussir à cheminer», conseille-t-elle. Faut-il consulter à deux? Pas nécessairement. Un seul des deux conjoints peut le faire pour ensuite apporter des solutions à appliquer en couple.

Mieux se comprendre

Quand on a l’impression d’être dans une impasse et qu’on éprouve un sentiment d’étouffement, le besoin de se séparer temporairement se fait souvent sentir. Vivre chacun de son côté aidera, une fois qu’on aura fait le point, à réamorcer le dialogue et à mieux exprimer ses besoins. «Lorsqu’on a une approche très fusionnelle du couple, on peut s’imaginer que l’autre va comprendre et deviner quelles sont nos attentes. On se dit : “S’il ou elle m’aimait vraiment, il ou elle le saurait”. Mais c’est faux!», explique la psychologue. Car un conjoint n’est pas un devin et n’a pas non plus de boule de cristal… Il est donc nécessaire de se questionner sur ses propres besoins et de réfléchir à la façon dont on peut mieux les exprimer. C’est aussi l’occasion de se demander soi-même si on écoute réellement son conjoint.

Conseils à suivre

Au bout du compte, une pause peut aider les membres d’un couple à prendre du recul, à mettre les choses en perspective et à se questionner sur leur désir de poursuivre ou non la relation. Voici quelques conseils à mettre en application.

  •  «Avant de se manquer de respect et de dire ou de faire des choses qui blesseront profondément l’autre, il est préférable de faire un retrait préventif», conseille la psychologue. Par conséquent, agissez et prenez une pause avant qu’il ne soit trop tard.
  • Ne partez pas sur un coup de tête en claquant la porte et sans fixer les balises de la séparation : conditions, lieu, durée, délai après lequel on se rencontrera pour discuter, etc.
  • Pour que cette mise entre parenthèses réussisse, il est important d’être honnête dans sa démarche : partez-vous parce que vous avez besoin d’air ou que vous souhaitez «tester» une autre relation amoureuse avant de vous séparer définitivement?
  • Profitez de la séparation temporaire pour faire des lectures sur le couple : c’est une bonne occasion de réfléchir à des pistes de solution.
  • Vous expliquez votre frustration et énumérez vos doléances à vos proches et à vos amis? «Si on dit trop de mal sur son conjoint, par la suite, cela risque d’être difficile à réparer. Pour contrebalancer ce type de propos, exprimez aussi les raisons pour lesquelles vous appréciez, ou avez déjà apprécié, cette personne», dit Mme Dubé.
  • Rappelez-vous : vous êtes responsable de votre silence. Si vous n’osez jamais dire non par besoin d’approbation et que vous finissez par exploser sans donner d’explications, c’est l’échec assuré! Apprenez à exprimer vos besoins clairement et vous aurez déjà une partie de la solution.