On utilise fréquemment les termes « extravertis » et « introvertis », et on classe assez facilement nos proches ou nos collègues de travail dans l'une ou l'autre de ces catégories. Mais, dans les faits, les choses ne sont pas aussi simples que cela. « On doit mettre nos idées préconçues de côté et cesser de croire, par exemple, que les extravertis parlent sans arrêt et que les introvertis sont incapables d’échanger avec les autres », dit Christine Chartrand, conseillère en évaluation et spécialiste de contenu pour AtmanCo, une firme spécialisée en tests psychométriques. Et cela est valable partout, y compris dans les milieux de travail.

C’est ce qu’explique Ann Brosseau, consultante en gestion des ressources humaines, directrice de la formation et du perfectionnement chez Piron Ward Training et chargée de cours à l’École d’éducation permanente de l’Université McGill. « Les gestionnaires devraient apprendre à connaître le plus précisément possible les préférences et les intérêts des membres de leur équipe, car les extravertis et les introvertis ne sortent pas tous du même moule! » prévient-elle. Le potentiel des employés comporte en effet plusieurs dimensions dont il faut tenir compte. Mais voici quand même quelques pistes pour mieux comprendre les forces des personnes (plus ou moins) introverties ou extraverties.

Les différences

Les personnes extraverties sont naturellement plus portées à entrer en contact avec les autres. « En général, les extravertis sont capables de parler spontanément à des gens qu’ils ne connaissent pas, et ils aiment élargir leurs réseaux de connaissances. La présence de nombreuses personnes les stimule et ils sont à l’aise quand ils doivent parler en public », explique Christine Chartrand. Leur aisance à communiquer et à entrer en relation avec autrui est par exemple un atout dans le domaine des ventes et de la prospection de clientèle. En termes d’environnement de travail, les extravertis apprécient en général les bureaux à aire ouverte, parce que cela leur permet de communiquer fréquemment avec leurs collègues.

Les introvertis, en revanche, préfèrent travailler en plus petits groupes, et même s’isoler dans leur bureau, dont ils n’hésiteront pas à fermer la porte! La raison en est simple : ils ont besoin de tranquillité pour se concentrer. Contrairement aux extravertis, ils réfléchissent en silence, et, ensuite seulement, ils verbalisent leurs conclusions. On peut parfois les croire distants, mais ce n'est pas nécessairement le cas, car une fois qu'un premier contact est établi, ils s’ouvrent davantage, écoutent attentivement et retiennent bien l’information qu'on leur donne; il est donc préférable de faire les premiers pas avec eux.

Ann Brosseau apporte un autre élément important. « Les extravertis puisent leur énergie dans leur environnement extérieur, alors que les introvertis se ressourcent dans leur monde intérieur. Autrement dit, l’énergie des extravertis s’épuise quand ils sont seuls, et, chez les introvertis, c'est quand ils sont en contact permanent avec d’autres que ça se produit », explique-t-elle. Par conséquent, les personnes extraverties sont stimulées par le travail d’équipe, l’interaction, les échanges. Elles sont comme des poissons dans l’eau dans les activités sociales, le réseautage et tout ce qui touche la sollicitation; elles savent aussi animer de grands groupes et retenir l’attention. De leur côté, les personnes introverties ont besoin de leur « bulle » pour bien travailler. Ce sont des gens pour qui le télétravail fonctionne très bien, même s’ils savent aussi se montrer de précieux collaborateurs. Et, s'ils n'aiment pas faire de la sollicitation, ils peuvent par contre exceller en service à la clientèle grâce à leur sens aigu de l’écoute.

Des équipes mixtes et complémentaires

Quand des gestionnaires créent des équipes de travail au sein desquelles les employés peuvent choisir les tâches qui leur conviennent le mieux, introvertis et extravertis peuvent alors utiliser leurs forces, et il y a fort à parier que les projets seront couronnés de succès! « Par exemple, au début d’un projet, quand il faut réunir toute l’information nécessaire, les personnes introverties seront très utiles, puisqu'elles sont à l’aise dans la cueillette de documentation et la rédaction de synthèses. Les extravertis, eux, s’occuperont mieux de contacter des gens ou de faire des préentrevues, par exemple », indique Ann Brosseau. Autre cas de figure : pour une présentation ou une conférence, on confiera l’allocution à une personne extravertie, et une personne introvertie répondra individuellement aux participants qui souhaitent ensuite obtenir plus d’information.

Bref, pour maximiser l’apport de leurs employés, les patrons doivent tenir compte des différences et adapter leurs façons de procéder en conséquence. Par exemple, s'ils organisent une séance de remue-méninges, il faudra peut-être s'assurer que les personnes extraverties ne prennent pas toute la place, et encourager les personnes introverties à s'exprimer. Mieux encore : on donnera à l’avance le sujet de la rencontre, ce qui permettra aux introvertis d’y réfléchir préalablement dans un environnement calme, pour ensuite livrer encore plus clairement le fruit de leurs réflexions à la rencontre.

Respecter les différences et mettre à profit les forces de chacun est une excellente façon de créer des équipes efficaces... tout en permettant aux employés d’être plus heureux au travail!