Travailler une parcelle de terre dans un jardin communautaire permet d’obtenir des aliments frais et nutritifs. Mais on y cultive aussi des amitiés et des économies.
Cultiver une relation saine avec sa belle-famille
Qui prend mari, prend pays, dit le dicton. Du moins, prend sa famille aussi. Et il y a des stratégies à adopter pour que tout se passe le mieux possible.
Aimer son conjoint, c’est aussi un peu se joindre à une deuxième famille. Avec ses façons de faire bien à elle, ses valeurs et ses façons de les vivre. Bien sûr, on ne doit pas nécessairement faire de nos beaux-parents, belles-sœurs et beaux-frères nos nouveaux meilleurs amis. Mais on doit à tout le moins apprendre à vivre ensemble.
Un secret pour que ça se passe bien ? « Avoir des attentes réalistes, annonce d’emblée François St Père, psychologue spécialisé en thérapie de couple et en médiation familiale. Cette famille n’est pas la nôtre, tout comme leur système familial nous sera étranger. » Par exemple, dans certaines familles, on ne se parle pas, alors que dans d’autres, on nomme tout. Dans certaines, les débats sont très politisés ou tournés vers les questions sociales, alors que dans d’autres, on jase de sports et de météo. « Et si on passe d’un ‘type de famille’ à l’autre, on peut facilement mal décoder les réactions des gens, ajoute le psychologue. On peut croire qu’ils ne nous aiment pas si on exprime une opinion contraire ou s’ils sont pris de court. Alors que ça peut être simplement une réaction à notre différente façon de faire. »
Ébranlés, les deux conjoints devront multiplier les discussions pour éviter que ça devienne un problème de couple. L’enfant issu de cette famille où cette dynamique est apprise et comprise ne verra pas le problème : « Bien oui, on est comme ça ! » Surtout, on ne peut s’attendre à avoir des affinités naturelles avec tout le monde qu’on rencontre. « Si on partage peu d’intérêts communs avec notre belle-famille, ça peut être d’autant plus difficile de s’y retrouver, explique François St Père. Et si les membres de la famille sont carrément désagréables ou manquent de subtilité, s’ils tolèrent ou encouragent des comportements qui sont pour nous inacceptables (en faisant des blagues sexistes ou racistes, par exemple, ou en défendant des positions politiques rigides), certains conjoints choisiront tout simplement de s’exposer très peu, sinon pas du tout, à ces moments en famille. On rêve en couleurs si on s’attend à ce que tout le monde change ses comportements pour nous accommoder ! »
Marie-Annick, 45 ans, avoue d’emblée qu’elle est drôlement bien tombée dans la famille de son conjoint, et vice-versa. « Nos tempéraments se complètent. La gestion de nos belles-familles, tant la mienne que celle de mon conjoint, n’a jamais été difficile. Bien sûr, ces relations ont changé à l’arrivée de notre premier enfant, d’autant plus que la petite était le premier petit-enfant dans les deux familles. Il a fallu faire quelques mises au point, comme lorsque ma belle-mère a commencé à me conseiller des écoles primaires alternatives pour la petite… alors qu’elle avait 4 mois ! Avec mon conjoint, ça a été clair : tu gères ta famille, je gère la mienne. »
Surtout, Marie-Annick, maintenant maman de deux filles de 16 et 12 ans, avait la bienveillance d’accepter que tout comme elle et son conjoint apprenaient à être parents, leurs parents aussi apprenaient à être grands-parents. « Ils ont embrassé leur rôle de grand-parent chacun à leur façon, en privilégiant des activités et des moments selon leur personnalité. Mes filles ont immensément profité de leur présence. Et l’aide de nos parents nous a été d’un très précieux secours pendant la petite enfance. J’ai toujours valorisé leur expertise et leur savoir-faire. Un des secrets, c’est peut-être de prendre ce que les gens sont prêts à nous donner. » Ajuster ses attentes, donc, comme le conseillait François St Père.
Définir une stratégie de couple
La façon d’aborder des comportements difficiles dépend de la nature de notre relation avec notre belle-famille. Il faut être ouvert d’esprit si on souhaite soigner une relation qui gagne à être préservée. « Si on doit tolérer des commentaires un peu malaisés ou une belle-mère qui outrepasse son rôle de grand-mère quelques fois par an, on pourrait choisir de simplement fermer les yeux pour le bien de notre conjoint, conseille le psychologue. » On pourrait alors aborder ces gens un peu comme des collègues avec qui on a peu d’atomes crochus, en restant cordial et collégial. « Chose certaine, c’est injuste de mettre la pression sur notre conjoint, cautionne François St Père. Des commandes et des ultimatums comme « Tu vas mettre tes culottes et dire à ta mère… » sont à proscrire car ils placent l’autre dans un conflit de loyauté intenable. » Et il y a une différence entre écouter quelques commentaires désagréables et subir du mépris ou du dénigrement. Si vraiment la relation est intenable, il est préférable pour tous d’y mettre fin.
Apprendre à gérer la différence
La relation nous met mal à l’aise ? On commence par prendre une grande respiration et on détermine ce qui est vraiment important pour nous. « On doit dégager l’essentiel de l’accessoire, conseille François St Père. ‘Est-ce vraiment si grave si ma belle-mère donne des croquettes à mon enfant ?’ On peut aussi voir le bon côté de la différence ; ça peut, par exemple, être bon pour nos enfants d’être exposés à des divergences politiques et apprendre le respect de la différence. Et on peut s’entraîner à mettre davantage l’emphase sur le bon et le bien que sur le négatif. » En choisissant de se rappeler du commentaire bienveillant de la belle-sœur plutôt que de la blague plate du beau-frère, par exemple.
Mais si vraiment cette relation est trop tendue et que ça nous atteint réellement, on en parle à notre partenaire. « On met l’emphase sur comment on le sent, ce qu’on souhaiterait comme relation, propose le psychologue. On se dresse un plan de match : qui dira quoi, à qui ? Sachant que nos paroles pourraient être mal reçues, on avise pour la suite. Si ça ne donne rien, est-ce qu’on limitera les contacts ? Est-ce qu’on s’absente des réunions de famille pour un temps ou que le conjoint s’y présente sans nous ? Sinon, est-ce que je peux prévoir de m’éclipser pendant un moment, le temps de prendre une marche ou appeler un ami ? Et au retour, on peut tout à fait demander à notre conjointe de servir de soupape pour nous écouter, question que ça n’affecte pas négativement notre relation pendant des jours. »