Votre enfant vous étonne par sa curiosité et sa capacité à emmagasiner les connaissances? Vous avez l’impression qu’il ou elle est plus vite que les autres? C’est possible! Voici des moyens de reconnaître et d'accompagner un enfant surdoué.

Surdoués, intellectuellement précoces ou à haut potentiel : les appellations varient pour qualifier les enfants qui présentent un développement intellectuel supérieur à la moyenne. Au Québec, on parle plus couramment de douance. «On considère qu'un enfant qu'il est surdoué quand son quotient intellectuel (QI) est de 130 ou plus», note Marielle Potvin, orthopédagogue, blogueuse et conférencière, qui a travaillé auprès d’enfants doués et de leurs parents. Cela touche environ 2 % de la population, le QI moyen se situant autour de 100.

Observer certains signes

Les enfants doués ont tous leur propre personnalité, mais certaines caractéristiques permettent de les reconnaître. «Quand ils sont bébés, on peut noter à diverses étapes de leur développement qu’ils sont en avance sur les autres, explique Line Massé, professeure au département de psychoéducation de l'UQTR et spécialiste de la douance. Par exemple, ce sont des enfants très éveillés et attentifs à leur environnement, et ils manipulent facilement et rapidement les objets.» Les enfants doués peuvent aussi commencer à marcher et à parler plus vite que les autres.

«Certains ont une avance au niveau du langage, poursuit Mme Massé. Ils ont un vocabulaire très riche; ils arrivent par exemple à lire avant la maternelle. D’autres sont très habiles avec les chiffres; ils réussissent des opérations de calcul mental avant même d'avoir appris à le faire à l'école.»

Les petits doués sont aussi très curieux, ajoute Marielle Potvin, «et leurs questionnements dépassent les habituels "pourquoi"; à 4 ans, par exemple, ils posent des questions existentielles sur la vie après la mort. Ces enfants développent souvent un intérêt poussé sur certains sujets, comme l’astronomie, les dinosaures ou l’entomologie. Mais ils ne font pas que s’y intéresser, ils veulent toujours en apprendre plus.»

«Une autre caractéristique importante qu'il faut noter, mentionne Line Massé, c’est la dyssynchronie.» C’est la différence entre le développement intellectuel avancé des enfants doués et leur développement affectif et relationnel qui, lui, se fait normalement. «Une enseignante peut par exemple trouver curieux qu'un élève reconnu pour sa facilité à apprendre pleure simplement parce qu’un ami lui a fait une grimace», dit Marielle Potvin. Parce que douance ne rime pas nécessairement avec maturité : les enfants à haut potentiel sont aussi des hypersensibles qui éprouvent le sentiment d’être différents des autres.

Confirmer la douance

Pour confirmer la douance d’un enfant, mieux vaut avoir recours à l'évaluation d'un psychologue. Les tests utilisés pour évaluer l’intelligence ont été élaborés par le psychologue américain David Wechsler : par exemple, le WPPSI (Wechsler Preschool and Primary Scale of Intelligence) pour les enfants de 2 ½ à 6 ans et le WISC IV (Wechsler Intelligence Scale for Children) pour les jeunes de 6 à 16 ans. Ces tests établissent le QI grâce à des exercices notamment de raisonnement, de compréhension verbale et de mémoire.

Accompagner un enfant doué

Si votre enfant est doué, il faudra en tenir compte dans son cheminement scolaire. Car, contrairement aux idées reçues, les surdoués ne sont pas tous premiers de classe : en France, on estime que 30 % d’entre eux vivent des difficultés scolaires, notamment parce que, comme ils s’ennuient à l’école, ils s’en désintéressent.

«Il ne faut cependant pas être alarmiste, prévient Line Massé. Certains vont très bien réussir.» Parfois, l’environnement à la maison est suffisamment stimulant. Il arrive aussi que les enfants doués exercent leurs talents dans des activités parascolaires, comme la musique. Pour ces enfants, avoir de la facilité à l’école et faire rapidement leurs devoirs devient alors un atout qui leur permet de consacrer plus de temps à leur passion.

«Les parents doivent demeurer à l’écoute et répondre aux besoins de leur enfant qui, par exemple, répète qu'il n’apprend rien à l’école, qu'il s’ennuie ou qu'il n’a pas d’amis», explique Mme Massé. Dans ce cas, on peut voir s’il y a lieu que l'enfant saute une classe, en entrant directement en 1re année, par exemple. Une évaluation psychologique est alors recommandée, car il faut s’assurer que l’enfant a la capacité affective nécessaire.

«On peut aussi choisir une école qui propose un programme plus exigeant, par exemple en sciences, en musique ou en sport, poursuit Line Massé. On évalue ce qui convient le mieux aux besoins de notre enfant.» Certains réussiront mieux dans une école ouverte comme une école alternative, d’autres préféreront les règles plus strictes d'une école privée. «Ça dépend de la sensibilité et de la personnalité des enfants», ajoute Sylvie Regnier, cofondatrice de l’association Haut potentiel Québec qui permet aux parents d’enfants doués d’échanger des informations. «La clé, c’est d’entretenir un bon dialogue avec l’école et l’enseignant», dit-elle. Dans une école régulière, par exemple, il est parfois possible que l’enfant doué participe à des projets d’enrichissement quand il a terminé ses travaux.

Mme Regnier rappelle que, généralement, le rôle des parents d’enfants à haut potentiel est le même que celui de tous les parents : rester à l’écoute de leur enfant. L’idée n’est pas de pousser le petit doué, mais de le suivre et de le nourrir dans ses intérêts et ses passions.

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