Le sport et les arts peuvent passionner nos enfants, en plus de leur fournir des occasions de dépassement de soi, de fierté, de succès, de discipline et de projets d’équipe.

Ce n’est pas pour rien qu’autant de jeunes pratiquent un sport quelconque : ce sont 84 % des jeunes âgés de 3 à 17 ans qui le font, et 60 % qui sont inscrits dans des sports organisés, selon le rapport Canadian Youth Sports Report (en anglais seulement). Ce faisant, sans doute, la fierté de leurs parents… qui doivent s’acquitter de l’importante facture qui précède invariablement ces prouesses physiques et artistiques.

Les sports et arts parascolaires coûtent cher. Des cours privés de piano à environ 30 $ la demi-heure, c’est 1200 $ par année scolaire. Deux sessions de ballet, ça varie drôlement, mais ça peut être tout autant… juste pour les cours. C’est sans compter les costumes, les récitals, les compétitions à l’extérieur pour les écoles qui les offrent… la liste peut s’allonger, pratiquement à l’infini.

Françoise y connaît quelque chose. Sa fille Sarah a pratiqué la gymnastique dès l’âge de 4 ans, et pratique maintenant le ballet à l’École nationale supérieure de ballet depuis 5 ans. « La gymnastique, ça représente environ 25 heures par semaine à partir de 7 ou 8 ans. Ça implique des compétitions aux trois ou quatre semaines environ. » En multipliant les costumes, les déplacements, les chambres d’hôtel, les pratiques, le coaching privé, la gymnastique, c’est un sport qui peut frôler les 10 000$ par année !

Puisque sa fille suit maintenant le programme de l’École en formule sports-études, cela implique qu’elle étudie à l’école secondaire privée. Et les occasions de parfaire son parcours de ballerine se multiplient : plusieurs parents de l’école n’hésitent pas à débourser plusieurs milliers de dollars pour envoyer leur fille en camps d’été spécialisés aux États-Unis ou en Europe.

Marie-Isabelle, maman de deux ados sportifs de haut niveau, constate que le sport représente un important poste de dépenses dans son budget. « Chez nous, le hockey de mon fils exige un investissement d’environ 3500$ par an, entre l’équipement, les tournois, les fonds d’équipe… et le soccer au niveau AAA de ma fille en coûte environ autant. » C’est beaucoup, avoue cette maman de la classe moyenne et il faut le prévoir au budget. « Pour moi, sportive depuis toujours, et leur papa, qui l’a été tout autant, l’activité physique est une valeur importante qu’on tenait à léguer à nos enfants. Alors, j’ai créé ma routine – et mon budget familial ! – autour de leurs sports. Par exemple, je profite des pratiques de soccer trois fois par semaine pour courir autour du terrain. Et mon cercle d’amis, ce sont les parents d’athlètes. Leurs enfants sont comme les miens et on se supporte beaucoup, comme se relayer par moments aux tournois et aux pratiques pour partager le covoiturage et l’accompagnement. »

Marie-Isabelle encourage les parents à se procurer certains équipements en magasins de sports seconde main pour limiter les coûts. Elle établit aussi des prix plafonds pour certains items comme les bâtons de hockey, qui peuvent facilement coûter plusieurs centaines de dollars la pièce ! Et elle est d’avis que les bienfaits qu’obtiennent ses enfants du sport dépassent les sacrifices familiaux que cela lui demande. « J’ai deux enfants équilibrés, sains et heureux qui cultivent le dépassement de soi et les valeurs d’entraide. Ça vaut tout ce que ça nous demande. »

Les loisirs avant tout ? Attention !

Sylvie Labbé, planificatrice financière à la Financière Sun Life, met en garde les parents de faire passer la passion du sport avant la santé financière de leur famille. « Le sport, c’est important, mais l’éducation l’est encore plus ! Certains, en misant sur le sport de haut niveau, choisissent de laisser tomber de l’épargne importante, comme les cotisations au régime enregistré d’épargnes-études (REEE) et au régime enregistré d’épargne-retraite (REER). C’est comme laisser de l’argent sur la table, en ne profitant pas des subventions gouvernementales offertes aux épargnants ! »

Effectivement, le gouvernement fédéral verse 0,20$ pour chaque dollar investi dans un REEE, jusqu’à concurrence de 7200$ par enfant. Le gouvernement du Québec propose quant à lui de bonifier de 0,10$ chaque dollar investi grâce à l’Incitatif québécois à l’épargne-études (IQEE), jusqu’à concurrence de 3600$ par bénéficiaire.

Mme Labbé propose de profiter du Crédit d’impôt pour les activités des enfants offert aux parents du Québec dont les enfants participent à des programmes artistiques, culturels ou récréatifs et dont le revenu familial ne dépasse pas les 135 085 $... et de l’investir promptement dans le REEE des enfants.

D’autres bons conseils de la planificatrice :

  • Budgeter pour l’an prochain… dès cette année. Les frais d’inscriptions sont généralement à peu près équivalents aux dépenses connexes (équipement, vêtements, etc.) alors on met le tout déjà au budget.
  • Essayer avant de s’équiper ! Pendant la période d’essai d’une nouvelle activité, on achète le minimum d’équipements (ou on l’emprunte à des amis si ça se trouve). Lorsque notre enfant confirme son intérêt, on peut alors procéder à des achats plus importants.
  • Impliquer les enfants dans les décisions familiales. Lorsqu’il s’engage dans une activité, l’enfant accepte de respecter cet engagement. Pas question alors qu’il laisse tomber au bout de quelques pratiques ou quelques semaines. Lorsqu’un enfant comprend combien son choix a un impact sur le budget familial, il sera plus porté à s’investir.
  • Profiter de cette occasion pour enseigner la valeur de l’argent. Cela lui servira tout au long de sa vie. Lorsqu’il y a des dépenses importantes à prévoir pour une activité, cela affecte le revenu disponible pour d’autres loisirs comme les vacances ou les restos.