Quelles sont les répercussions, sur la croissance économique mondiale, des inquiétudes soulevées par les échanges commerciaux?

Les activités économiques à l'échelle du globe ont ralenti. Des données fragilisées issues de l'Europe, des États-Unis et de la Chine mettent au jour les dommages pouvant être causés par l'incertitude commerciale sur la demande pour les biens fabriqués. D'autres données publiées pendant cette période révélaient des replis économiques en Europe, au R.-U., aux É.-U. et en Chine.

Le fléchissement des activités d'exportation et de fabrication a fait plonger l'inflation sous les taux cibles de nombreuses banques centrales. Le conseil de la Réserve fédérale des États-Unis (la Fed) et la Banque centrale européenne (BCE)ont tous deux réduit leurs taux directeurs pour ragaillardir leur économie locale. Ces réductions des taux d'intérêt ont contribué à limiter les dégâts sur les marchés boursiers. Elles ont également joué en faveur de certaines obligations gouvernementales et de sociétés (les prix obligataires ont tendance à augmenter lorsque les taux d'intérêt tombent).

L'investissement des entreprises accusait aussi un retard en raison de la fébrilité commerciale, sachant que le ralentissement économique encourage généralement les entreprises à diminuer leurs dépenses et activités de placement.

Brexit demeure une ombre majeure au tableau de l'économie du R.-U.

Le Royaume-Uni a dû composer avec des risques économiques causés par son départ de l'Union européenne (UE), aussi connu sous le nom de Brexit. Le nouveau Premier ministre anglais, Boris Johnson, entendait quitter les rangs de l'Union européenne, avec ou sans entente. Cette approche a eu pour effet de miner davantage l'économie du pays. Toutefois, peu de temps après la fin du troisième trimestre, une entente Brexit a été conclue, conçue de façon à permettre au R.-U. de réaliser son objectif au cours du quatrième trimestre de 2019.

La croissance économique du Canada demeure vigoureuse

Selon les données du deuxième trimestre sur le produit intérieur brut (PIB), le Canada a joui d'une solide croissance économique. La Banque du Canada a décidé de maintenir ses taux d'intérêt au même niveau, et ce, malgré les manœuvres à la baisse des autres banques centrales du monde. Tout en estimant que sa politique monétaire répond bien aux circonstances, la Banque du Canada se dit aussi prête à modifier quelque peu son tir afin d'apaiser les craintes soulevées par la dette de consommation, le prix du pétrole, l'investissement des entreprises et l'incertitude commerciale.

L'investissement des entreprises a montré des signes de faiblesse au Canada. Cette tendance inclut les dépenses du secteur du pétrole et gaz naturel, lesquelles ont diminué devant l'instabilité démontrée par le prix du pétrole. En effet, le prix du pétrole a augmenté alimenté par :

  • l'offre réduite venant de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole;
  • les attaques de drones sur un important champ pétrolier en Arabie Saoudite;
  • les nouvelles sanctions américaines imposées à l'Iran.

Les citoyens canadiens et leurs dettes personnelles

Les dépenses de consommation ont ralenti, sachant que bon nombre de Canadiens et Canadiennes sont aux prises avec des niveaux d'endettement plus élevés. Ce haut niveau d'endettement s'est révélé d'autant plus problématique considérant la hausse des taux d'intérêt. Comme l'économie canadienne est étroitement liée à celle des États-Unis, tout ralentissement au sud de la frontière risque d'avoir des répercussions négatives sur les activités canadiennes.

Résultats mixtes sur les marchés financiers du monde

Les rendements des marchés financiers se sont révélés mixtes sur l'ensemble des différentes régions du globe. Les marchés financiers du Canada ont emboîté le pas à ceux des États-Unis, ce pays étant le plus important partenaire commercial du Canada. Les problèmes rencontrés par les États-Unis et un certain nombre de ses partenaires commerciaux ont entraîné une grande part d'instabilité sur les marchés à l'échelle mondiale.

Les marchés boursiers ont repris du poil de la bête lorsque la Fed a réduit ses taux d'intérêt et a laissé entendre que d'autres réductions pourraient s’ensuivre. Notons cependant que les investisseurs, se méfiant des perspectives de croissance à court terme, ont choyé les actions plus prudentes.

L'inversion du rendement des bons du Trésor américains sur deux et dix ans (signifiant que le rendement à court terme est supérieur à celui à long terme) est devenue une source d'inquiétude pour les investisseurs. D'un point de vue historique, l'inversion de la courbe des rendements représente un signe avant-coureur de récession. Cette inversion se manifeste maintenant pour la première fois depuis la crise financière mondiale de 2008-2009, époque où presque toutes les actions et obligations ont essuyé d'importantes pertes.

Les marchés boursiers de la Chine ont fléchi sous le poids d'un ralentissement de la croissance économique et des différends commerciaux avec les États-Unis. En Europe, les investisseurs ont dû composer avec une économie minée par les disputes commerciales à l'échelle mondiale. Quant au rendement dégagé par les marchés émergents, rien n'était particulièrement digne de mention au cours de cette période. Une exception cependant, l'Argentine, où le candidat « favorable à l'entreprise » a subi une défaite marquée au premier tour de scrutin. Cette défaite a entraîné une liquidation massive des actions et des titres à revenu fixe du pays.

Les actions des marchés émergents se sont montrées volatiles tout au long de la période pour finalement passer le fil d’arrivée dans le rouge. Certains marchés émergents ont néanmoins réussi à se redresser quelque peu vers la fin du trimestre. En effet, des mesures de réforme des pensions au Brésil et une réduction du taux d'imposition des entreprises en Inde ont insufflé un peu de vigueur à ces économies qui battent de l'aile.

Perspectives économiques : Doit-on s'attendre à une récession en 2020?

Nos perspectives quant à l'économie mondiale s'appuient sur l'incertitude qui persiste entre les États-Unis et la Chine. Qu'arrivera-t-il si les différends commerciaux se poursuivent de plus belle et mènent à une réelle guerre des tarifs? On assisterait alors à un repli des conditions économiques mondiales. Et qu'en est-il du prolongement de l'incertitude commerciale sur une période plus longue? Les risques de récession augmentent alors considérablement. Les marchés financiers semblent d'ailleurs se préparer à l'éventualité d'une récession en 2020.

Quelles en seraient les retombées pour l'économie canadienne?

Au Canada, le niveau d'endettement élevé et le recul de l'investissement des entreprises pourraient nuire aux perspectives économiques du pays. Les investisseurs canadiens surveilleront avec intérêt les activités et retournements économiques des États-Unis. La façon dont l'économie et les marchés financiers américains se sortiront d'affaire dans les prochains mois se révélera porteuse de signification pour le rendement de l'économie et des marchés au Canada.

L'inflation à l'échelle de la planète est faible. Si la réduction récente des taux d'intérêt n'entraîne pas une croissance et une inflation, les banques centrales pourraient être contraintes de décroître leurs taux à nouveau. Or, des taux d'intérêt ultra bas, voire négatifs, risquent de perdre complètement leur effet dynamisant.

Si ces taux, faibles ou négatifs, demeurent en place pendant une période plus longue, quelles seront les répercussions? Ceux-ci pourraient alors exercer une pression encore plus forte à la baisse sur les perspectives économiques mondiales.

Investissement dans l'or

Pendant les périodes marquées par une conjoncture macroéconomique fléchissante, l'or a souvent joué le rôle de panacée pour les investisseurs. À ce titre, nous continuerons de surveiller le prix de ce métal précieux suivant le déroulement des événements autour de la planète. Ajoutons qu'une éventuelle résolution des différends commerciaux à ce stade-ci ne suffirait peut-être pas à renverser la vapeur et stopper la direction prise par les économies du monde à court terme.

Faits saillants du 3e trimestre

  • Les investisseurs tout autour du globe ont gardé les yeux rivés sur le différend commercial qui persiste entre la Chine et les États-Unis et sur l'incertitude qu'il laisse dans son sillage.
  • Des conditions économiques plus difficiles pourraient être à prévoir. Les banques centrales à l'échelle globale ont pris des mesures pour prêter main-forte à leur économie locale. Le conseil de la Réserve fédérale des États-Unis (la Fed), la Banque centrale européenne (BCE) et d'autres banques centrales ont réduit leurs taux d'intérêt. Cependant, la Banque du Canada et la Banque d'Angleterre ont maintenu leurs taux directeurs au même niveau.
  • Bon nombre d'économies à l'échelle mondiale ont affiché de faibles rendements au troisième trimestre. L’économie canadienne fait preuve, quant à elle, d'une solidité soutenue.