En octobre, l’inflation a atteint son plus haut niveau en 18 ans. Le risque d’inflation est donc revenu sur les radars des promoteurs de régimes de retraite à prestations déterminées (PD) prévoyant une augmentation des prestations en fonction de l’inflation.

Par le passé, couvrir le risque d’inflation représentait tout un défi. Heureusement, des solutions efficaces ont émergé au cours des dernières années.  

Qu’est-ce que le risque d’inflation?

Pour un régime qui offre une augmentation des prestations en fonction de l’inflation, il s’agit du risque de subir des pertes dans un scénario d’inflation future. Ces pertes surviennent quand l’inflation augmente le passif du régime plus rapidement que son actif.  

Au Canada, le taux d’inflation est resté faible et stable pendant plusieurs décennies. Certains promoteurs de régimes PD n’ont donc pas apparié leurs éléments d’actif et de passif liés à l’inflation. Dans certains cas, ils ont supposé que le taux d’inflation serait fixe ou ont compté sur leurs actifs générateurs de rendement pour financer les hausses de prestations indexées sur l’inflation. Cette stratégie fonctionne dans un contexte d’inflation faible et stable, mais pose un risque de pertes en cas de poussée inflationniste.

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Pour comprendre le risque d’inflation, il faut d’abord quantifier l’impact de différents niveaux d’inflation sur l’actif et le passif du régime de retraite.

Ensuite, le promoteur peut décider si les répercussions financières potentielles sont acceptables. Pour cette analyse, il est utile d’évaluer l’impact de l’inflation sur les activités principales du promoteur. Par exemple, si l’inflation nuit à ses activités principales, on voudra à plus forte raison réduire le risque d’inflation pour le régime de retraite.

Pour réduire ce risque, les promoteurs ont deux options : mieux apparier leurs éléments d’actif et de passif liés à l’inflation et souscrire des rentes indexées sur l’inflation. (Dans un souci de transparence, notons que la Sun Life offre des solutions de placements et de rentes.)

Meilleur appariement de l’actif et du passif

L’une des façons de réduire le risque d’inflation est de mieux apparier les éléments d’actif et de passif liés à l’inflation. Pour la plupart des promoteurs de régimes PD, cela signifie ajouter des actifs liés à l’inflation à leur portefeuille.

Les obligations à rendement réel sont l’instrument que l’on a traditionnellement utilisé pour couvrir le risque d’inflation. Selon l’indice des obligations à rendement réel FTSE Canada en date du 31 octobre 2021, 89 % des obligations à rendement réel en circulation au Canada sont émises par le gouvernement fédéral. Le reste provient principalement des gouvernements du Manitoba, de l’Ontario et du Québec, auxquels s’ajoutent quelques émetteurs non gouvernementaux. Pour les promoteurs, cette émission limitée d’obligations à rendement réel avec un écart de crédit fait qu’il est difficile de couvrir le risque d’inflation sans sacrifier le rendement.

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Certains gestionnaires de placements ont créé des solutions novatrices pour régler ce problème. Ceux qui ont de l’expérience avec les opérations de pensions sur titres ou les marchés de dérivés peuvent créer artificiellement un écart de créditsur les obligations fédérales à rendement réel au moyen d’une superposition. Ils peuvent créer une superposition d’écarts de crédit sur obligations nominales provinciales à l’aide d’une stratégie à court/long terme, ou sur obligations de sociétés américaines à l’aide de swaps sur défaut de crédit.

Par ailleurs, d’autres catégories d’actifs comme l’immobilier ou les infrastructures sont habituellement avantageuses en raison de flux de trésorerie qui augmentent avec l’inflation (prix des loyers, péages de pont, etc.). Ces catégories d’actifs peuvent donc fournir une protection partielle plus durable contre les effets de l’inflation. 

Transfert du risque

Une deuxième façon de réduire le risque d’inflation est de souscrire des rentes collectives indexées sur l’inflation. Les promoteurs de régimes PD peuvent alors transférer à une compagnie d’assurance les risques de placement, de longévité et d’inflation associés à un groupe de participants.

Les rentes indexées sur l’inflation sont offertes au Canada depuis 2013. Au fil du temps, de nouvelles solutions ont vu le jour et les prix se sont améliorés sur le marché. Cette amélioration s’est d’ailleurs illustrée dans le taux d’achat de rente conseillé par l’Institut canadien des actuaires au milieu de 2020.

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Les préoccupations récentes sur l’inflation et l’évolution du marché ont ravivé l’intérêt pour les rentes indexées en fonction de l’inflation. La Sun Life estime qu’au cours de la dernière année, 11 ententes totalisant environ 700 millions de dollars en engagements ont été souscrites par des promoteurs de régimes PD. Il s’agit d’une hausse considérable par rapport à l’année précédente.

Voici quelques points que les promoteurs intéressés par les rentes indexées en fonction de l’inflation doivent prendre en considération :

Formule de calculs liés à l’inflation : La plupart des promoteurs décident de souscrire des rentes avec ou sans rachat des engagements qui reflètent la formule de calculs liés à l’inflation de leur régime de retraite. De cette façon, ils transfèrent l’entièreté du risque d’inflation.

Parfois, les promoteurs décident de souscrire des rentes avec rachat des engagements prévoyant une formule plus simple que celle établie pour leur régime de retraite. Si la formule prévue par leur régime est très complexe, ils peuvent alors obtenir un meilleur prix. Toutefois, il est important de noter que dans ce cas, les promoteurs conservent le risque d’inflation de base lié à l’écart entre la formule qu’ils utilisent et celle des rentes souscrites.  

Transfert en nature : La possibilité de transférer un portefeuille d’actifs liés à l’inflation dans le cadre de la souscription peut améliorer la tarification de la rente pour le promoteur. Un transfert en nature réduit les coûts de transaction liés à l’achat ou à la vente d’actifs et permet à la compagnie d’assurance de réduire les marges du risque associées à la transaction.

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Taille de la transaction : Beaucoup de transactions importantes touchant des rentes indexées sur l’inflation ont été conclues au Canada au fil des ans. La Sun Life estime que le marché est en mesure d’absorber en une journée une souscription de rentes indexées en fonction de l’inflation dépassant 500 millions de dollars.

La pandémie de COVID-19 a semé beaucoup d’incertitude autour de l’évolution de l’inflation. C’est le moment idéal pour les promoteurs de régimes PD de mesurer le risque d’inflation pour leur régime et de réévaluer leur tolérance au risque. Les consultants, les assureurs et les gestionnaires de placements peuvent tous les accompagner dans ce parcours. 

Le présent article est paru initialement en anglais seulement dans Canadian Investment Review, le 23 novembre 2021.