Balado De temps et d’argent

Épisode 5 : Connaître la valeur des choses, pas juste leur prix

L’animateur Stéphane Fallu discute avec Francis, un entrepreneur dans l’âme dès l’enfance, depuis son premier kiosque de limonade. Au fil de ses succès et échecs en affaires, Francis apprend à gérer son argent et à développer ses forces. Aujourd’hui économiste et entrepreneur aguerri, il s’ouvre sur l’héritage de son père, sur la liberté qui vient quand on comprend où va son argent et sur la vraie valeur des choses. 

Stéphane Fallu (S -)

Bonjour tout le monde ! Bienvenue à De temps et d'argent. Ça, c'est un balado, en collaboration avec la Sun life, où nous parlons avec des gens d'ici de l'influence de l'argent sur leur quotidien, leur santé, leur bien-être. Je m'appelle Stéphane Fallu.

Oui, oui c'est moi ! Je ne donne pas de conseils financiers, ce n'est pas mon travail.

Non, non, non ! On va parler avec des gens avec des histoires hyperintéressantes.

Et aujourd'hui, je suis content de recevoir Francis Gosselin.

Salut Francis !

Francis Gosselin (F -)

F - Bonjour Stéphane !

S - Comment tu vas ?

F - Très bien et toi ?

S - Ça va super bien ! C'est quand même spécial faire un podcast qui parle d'argent. Pas toi ?

F – Ben, je suis économiste…

S - Économiste, ça fait quoi un économiste ?

F - Plusieurs définitions, mais j'ai surtout une formation en économie, là. Ça, c'est le point de départ. Après, dans mon quotidien, je ne suis pas toujours économiste. Je suis associé dans un cabinet-conseil qui s'appelle SAGE. Puis, dans ce cabinet-là, on fait plein d'affaires. Mais un des trucs que l'ont fait, ce sont des études économiques.

S - Ça, quand on est jeune, est-ce que c'est un rêve d'enfance ?

F - Pas nécessairement. Mais, mais évidemment on veut tous être astronaute un moment ou un autre. Mais...

S - Bien moi, je voulais flatter des animaux. Je ne voulais pas être vétérinaire. Puis j'ai réalisé mon rêve !

F - Mais ce qui est le fun avec le métier que je pratique. De consultant ou d'économiste c’est selon... C'est qu'on peut se pencher sur plein de problématiques. Que ça soit le jeu vidéo, ou que ça soit les médias et les journaux… Ou d'autres fois, les modules de calcul de la résistance électrique, puis le marché qu'il y a pour ça en Alberta. Tu es vraiment dans plein de géographie, dans plein de domaines d'activité…

S - Ok.

F - On travaille en ce moment beaucoup dans l'alimentaire. Dans tous les circuits courts, l'agroalimentaire, la production, la distribution de bouffe. Puis, je suis en train de devenir vraiment bon là-dedans. Dans le fond, l'économie, ça m'a permis d'assouvir ma curiosité encore très vaste.

S - Ok, mais... est-ce que tu savais à la base que c'était aussi vaste que ça, le métier que tu avais choisi ?

F – Non, comme je te disais, souvent quand on est plus jeune ou quand qu'on ne connait pas nécessairement le domaine, on pense que l'économie c'est la discipline de l'argent. Mais en fait, ce qu'on réalise c'est que l'économie c'est le secteur qui englobe pratiquement toutes les activités humaines qui ont de la valeur… Que soit en argent ou non.

S - Toi, à la base, est-ce que tu viens d'un milieu qui était très... Ton père est-ce qu'il était à l'aise avec les finances ? Ou c'était un milieu un peu plus modeste ?

F - Mon père était fonctionnaire fédéral. C'était un job correctement payé. Ma mère a fait un peu de gardiennage d'enfant et tout ça. Donc ce n'était pas nécessairement très payant. Mais elle s'occupait très bien de nous. C'était l'avantage d'une garderie en milieu familial, on avait beaucoup de proximité avec elle.

J'ai un frère et une sœur aussi. Puis, on n’a pas grandi dans... comment dire, dans la richesse, là. Si on peut dire ça, certainement. Puis, effectivement, mon père n'était, particulièrement, pas bon avec l'argent. Ce qui est un peu paradoxal parce que la famille paternelle a toute eu des carrières, puis de quand même bien gagner leurs vies.

Mon père qui était selon tous et toutes. Le plus smart de la gang. L'aîné de la famille. Cette génération-là était particulièrement mauvaise avec les sous. Puis, ça a été comme un peu une trame, si tu veux, pendant une grande partie de mon enfance et de mon adolescence, ce rapport à l'argent qui était ben bizarre.

S - Parce que, veut, veut pas, on en subit les conséquences même si ce n’est pas de nous. On voit la réaction de nos parents quand...

F - Mon père était, je pense, un peu conscient de ses défauts, on va dire, de caractère qu'il avait. Puis très jeune... Quand on a eu... Je m'en rappelle pu à quel âge, 10-11 ans ?

Il nous demandait de faire notre budget trimestriel.

Donc là, tu as dix ans. Puis tu es à la fin du mois d'août puis il te dit: « Bon de septembre à décembre, qu'est-ce que tu vas avoir besoin, Francis ? ». « J'aimerais ça m'acheter une paire de souliers. J'aimerais ça m'acheter deux t-shirts. Un album de Nirvana. Puis il faut je paye mes repas à la cafétéria et tout ça... »

Puis ça faisait genre la somme. C'était une bonne manière de pratiquer nos mathématiques. Mais à la fin, on arrivait avec un montant. Je ne sais pas. Mais quand tu es jeune. C'était environ 400$. Ça semblait être tout l'argent du monde !

S - (Rire) Ouais...

F - Ce qu'on faisait, le deal c’est qu'on divisait... on le négociait ce montant-là, en regardant chaque ligne. Mais après ça, on divisait ce montant-là par le nombre de semaine. Par exemple 16 semaines. Puis mon père nous donnait cet argent-là, directement. Alors que tous mes amis avaient, mettons, 5$ d'argent de poche ou un 2$ de temps en temps. Moi, j'avais 25$ d'argent de poche par semaine ! Ce qui était à l'époque, dans les années '90, c'était beaucoup d'argent.

S - C'était énorme !

F - Puis j'arrivais le lundi avec mon 25$. C'était comme un univers de possibles qui s'ouvraient à moi. Alors ce que ça nous a permis rapidement, c'est que ça nous a donné, comment dire… des réflexes. De savoir allouer des contraintes budgétaires.

Dans le fond, c'est sûr si lundi tu vas t'acheter le CD, les souliers puis ton repas à la cafétéria. Tu n'auras pu d'argent pour le reste de la semaine. Ce que ça fait que tu fais ça une semaine, deux semaines, mais après la troisième semaine. Mais tu commences à te dire: « Je vais m'en garder pour jeudi parce que c'est la fête à Johnny. » Puis je vais, dans le fond, temporiser ma dépense en fonction de la contrainte budgétaire, pour pas tout dépenser le premier jour du mois, puis te retrouver à manger des restants… Pour le restant du temps !

S - Ouais, c'est certain. Mais dans ce côté-là. Très jeune, t'apprends un peu la notion de l'importance de l'argent.

F - Ça m'a vite appris, comme je te dis, à avoir des sous entre les mains. Entre guillemets, à l'allouer de manière à ce que ça soit conforme à ce que je voulais faire. Très, très jeune. Comme beaucoup, j'ai carrément eu un stand à limonade. Puis on achetait des Timbits au Tim Hortons. Mais quand tu achetais une grosse, grosse boîte, mettons de 100, ça revenait à peut-être 25 sous le Timbit. Puis on les vendait 1$. Puis le monde voulait un verre de limonade et un Timbit. Puis on vendait ça 2$. La limonade, ça coûte... C'est de l'eau avec du sucre ! Le Timbit, on faisait 200%, 300% de marge dessus.

Puis là, j'avais des sous. Puis c'est comme... C'est sûr qu'aussitôt que tu as fait cette transaction-là. Tu vas tout de suite dépenser ton profit, entre guillemets. Bien là, tu en auras pu. Donc je m'en gardais. Pour qu'au prochain concert, j'ai assez de capital pour mes Timbits et me racheter de la limonade.

S - (Rire)

F - C'était le stade de limonade 2.0. C'est ça, on optimisait notre petit business de limonade assez jeune. J'ai ces souvenirs-là, de jouer un petit peu à l'entrepreneur.

S - Moi, j'ai mon personnage sur scène, de stand-up, il a toujours été perdu. Mais, je sage, dans la vie, assez... Puis moi, déjà en partant, quand j'ai décidé que c'était mon métier. J'ai tout le temps placé un pourcentage de mon salaire, de côté, en placement. Parce que je me suis dit : « Je n’ai pas envie que ça arrête. Puis, que du jour au lendemain, il faut j'attende un contrat pour pouvoir vivre. » Au lieu d'essayer de faire un gros coup d'argent ou de faire la passe comme beaucoup en rêve.

F - Comme toi, j'ai été très sage. Aussitôt que j'ai eu un peu argent, je l'ai placé. Puis là, quand j'en ai eu un peu plus, j'ai acheté un appartement. Puis j’l’ai revendu.

Puis comme, je n’essaye pas de multiplier mon argent par 50. Mais je me dis si ça fait 5-6% par année, toute ma vie, puis que je n’arrête pas d'en mettre, à un moment donné... C'est là où comme, ma connaissance de la finance et de l'économie vient en jeu. Mais je sais, j'ai une très bonne idée de ce que ça va valoir dans 20-30 ans.

S - Est-ce que tu es un cordonnier mal chaussé ? Ça t'arrives-tu des fois ?

F - Alors je suis un cordonnier très, très bien chaussé.

S - Come on !!! Tu ne peux pas tout être parfait. Là, je te regarde. Tout est parfait. C'est trop beau.

F - Ah non. Je te dis, tout n'est parfait. Mais sur ce point-là... À chaque fois que je vais voir par exemple un comptable pour faire mes états financiers ou mon rapport d'impôt. Moi, je garde depuis à peu près 2011, une espèce de tableur dans Excel, de tous mes avoir et de toutes mes dettes… Qui est mis à jour tous les mois.

S - Bien, voyons donc !

F - Puis je suis ça. D'une manière très, très rigoureuse. Parce que j'ai, quelque part, la peur d'en manquer. Je pense que c'était un peu ça pendant un peu longtemps.  C'est un peu comme un jeu pour moi.

S - Excuse-moi, mais là, ça fait un peu mal. J'ai mal en dedans. Je vais voir ma comptable avec ma boîte de chaussure avec mes factures d'il y a 5 ans. Disant ça, est-ce que je peux réclamer ça ? Ou des chèques que j'ai oublié de changer, parce que je suis trop dans la lune. Et toi, tu as un tableau Excel… Ma blonde capoterait... Je te le dis tout de suite !

F - Mais c'est drôle parce que, comme je te disais, aujourd'hui je le fais pour SAGE comme directeur des finances - en plus d'être associé et tout - je m'occupe vraiment du volet financier de notre entreprise. Je partage aussi ce savoir-là avec Mutek, au CA, je suis allé chez la LNI… Je fais beaucoup d'implication, justement parce que ce n’est pas compliqué : je comprends... Des gens avec des boîtes de chaussure, j'en ai rencontré plein. C'est même plutôt la norme, j'ai l'impression. À quelque part, prendre une minute par jour ou 5 minutes par semaine…  Un: ça va te donner plus de liberté financière, à terme. La liberté pour réaliser ce que tu as envie de faire.

S - Oui, tout à fait

F - Pour être plus capable d'être comédien ou musicien. Tout le monde n'a pas le même appétit, le même enthousiasme pour ça. Mais pour moi, à travers mon parcours, notamment plus tard, dans la vingtaine, passionné pour ces questions du rapport à l'argent pis de la saine gestion des finances…

S - Est-ce que tu t'empêches de vivre des choses à cause de ça ? Ou à cause de ta situation financière ?

F - Très peu, au contraire. Je pense que le fait d'être en pleine conscience, quand je décide de faire un voyage ou m'acheter un truc que j'ai envie, je le fais en pleine conscience de ce que ça me coûte vraiment. Je ne fais pas, comment je vais le mettre sur ma carte de crédit puis on verra bien. Je suis comme : « Bien, ça va me coûter 1000$, ça va baisser dans cette colonne-là ! » Je le mets tout de suite ! Je suis toujours au courant.

S - Ce n’est pas la réalité tout le temps. Moi, avec deux enfants. Tu as des cours de Ski. Tu as ci, tu as ça qui rentre, ça, ça, ça. De prévoir et des fois tu te dis que c'est dur.

F - Je serais intéressé de faire l'exercice avec toi. Je ne veux pas rentrer dans ta vie personnelle, mais sur plusieurs années, je suis pas mal sûr qu’à l'année… même si cette année c'est du ski, puis l'année d'après c'est la karaté, puis l'année après c'est le cours de piano… Sur la longue durée, c'est prévisible tout ça ! Sur 12 mois, ça va être plus ou moins tant.

S - Oui, c'est sûr, c'est certain.

F - Pour moi, l'argent ou l'économie ou le rapport aux finances, ç’a toujours été un rapport en anglais d'enpowerment. Il faut que tout ça donne le pouvoir aux gens qui font. Je trouve que les gens souvent connaissent le prix de tout et la valeur de rien. Je le dis souvent, l'économie c'est la science de la valeur.

S - C'est beau ça.

F - Ce n’est pas la science du prix. Le prix, c'est un élément de la valeur.

S – Souvent, il y a des gens: « Moi, j'ai des bons conseils pour toi. Rendement 35%. » Cours, ne te retourne pas !

F - Moi, à quelque part, j'ai ce rapport très intéressé à la finance puis à l'économie. Mais un moment donné, quand tu as un peu d'argent et que tu veux justement décider quoi faire avec. Faut que ça soit, faut que ça reflète ce dont tu as envie aussi.

Si tu as envie de sécurité à tout prix, pis si tu as envie de prendre une retraite où tu ne vas vraiment rien faire, à la fin de ta carrière, ton argent, mets-le dans les RÉERs ou peu importe. Mais si tu es un comédien ou un entrepreneur qui a toujours envie de… Mets-le pas dans tes REÉR parce qu’après ça, il va falloir que tu le sortes de tes REÉR puis, tu vas payer l'impôt que tu n'as pas payé. Donc, mets-le dans un autre véhicule !

Puis si tu as envie d'acheter des appartements... Fais ça ! Mais il va falloir que tu débouches des toilettes, puis que tu te trouves des locataires… Est-ce que tu as envie de faire ça avec tes sous ?

Moi, ma philosophie personnellement, à chaque fois que j'ai eu un petit peu d'argent de disponible, c'est de le mettre dans des trucs que j'avais envie de faire. C'est-à-dire, soit justement d'acheter quelques appartements avec le temps, j'en ai acheté 2-3. Puis, j'aime ça rencontrer du monde, de faire visiter. Ce sont des appartements que j'ai achetés comme si je les habitais. Donc, ce sont des lieux qui sont beaux. J'avais envie de faire ça un peu dans ma vie. Puis je l'ai fait.

Puis sinon tu peux t'acheter... Je ne sais pas, tu peux investir dans une entreprise, tu peux te lancer ta propre affaire, tu peux avoir un petit sideline avec un ami, tu peux te créer un jardin… Ça coûte quand même une coupe de mille piasses un vrai gros jardin !

Après quelques années… Je te confirme !

S - (Rire)

F - Mais après tu vas avoir de l'autonomie alimentaire. Tu vas manger des meilleures tomates puis tu vas manger de la meilleure salade. Puis ça, tu vas l'économiser à l'épicerie. Chacun est libre, un petit peu, de faire ce qu'il veut avec ses économies.

S - Ouais, c'est ça, tu peux créer... Nous on va planter de l'ail ! J'ai déménagé, on n’a pas de terrain, on va aller chez des amis. On amène le rotoculteur !

F - Ok...

S - On a tout acheté notre ail. On l'a déjà sorti. Est-ce que tu as acheté de la terre ? Est-ce que tu as du compost ? Je réalise…

F - Faut acheter un composteur.

S - C'est ça.

F - C'est ça...

S - Je réalise que j'ai fait le quart du projet. Il me reste les trois quarts avant de planter l'ail.

F - (Rire). Ouais, c'est ça ! Mais au moins, tu comprends, c'est là, cet argent-là est pas placé juste pour devenir plus d'argent. Il devient quelque chose. J'ai beau être intéressé puis être connaissant de ces affaires-là, je pense que, il faut rapprocher le plus possible l'économie de la réalité. La finance de l'économie réelle.

S - Ouais.

F - Ce qui m'ennuie beaucoup en ce moment. Les gens achètent des trucs en bourse. Si avoir de l'argent, ça sert juste à avoir plus d'argent, finalement, c'est plate. Pour moi, c'est très personnel ce que je dis là, mais pour moi avoir de l'argent, ça a toujours été pour réaliser des choses que j'avais envie faire.

S - Mais est-ce que tu as vu que de toute façon. Toutes les personnes qui sont devenues hyper riches et s'impliquent beaucoup après. Parce que, à un moment donné, quand tu as tout fait ce que tu pouvais faire. Tu as besoin de te rebrancher parce que...

Quand tu te réveilles le matin, c'est le fun de voir que tu n'es pas le seul à profiter d'une certaine richesse.

F - Des gens qui ont bien gagné leurs vies qui sont retrouvés avec, quand même, des bonnes sommes d'argent, qui ont tout réinvesti, pour dire : « Regarde, moi je vais repartir quelque chose, même si j'ai des millions... Je vais tout remettre parce que moi, moi ce qui me fait tripper, c'est de changer le monde ! Pas d'être juste assis à la Picsou et de nager dans mes dollars ! »

S - (Rire)

F - C'est pour moi... Comme je te dis, après chacun son rapport comme, c'est ça qui est paradoxal. J'ai beau être très intéressé puis un peu control freak sur cette partie de ma vie, en même temps, je le suis pour pouvoir... Pour rendre possible, un paquet d'autres affaires qui me font tripper.

S - Je pense que c'est important. Moi, autant, je peux faire... J'aime travailler.

Je fais de la TV, je vais faire de la radio, je fais le podcast, je fais beaucoup de scène. Puis, une partie de ma carrière c'est de m'impliquer personnellement. Puis ça pour moi, c'est aussi important qu'une journée de tournage ou une autre journée. Ces journées-là sont dans un horaire. Puis ça ne bouge pas comme... C'est un contrat, un engagement. Puis c'est peut-être ça qui me fait le plus de bien.

F - J'ai la conviction que si tu le fais. Justement si tu t'investis dans des trucs qui te font vraiment tripper, tôt ou tard, ça va revenir. Comme il y a une partie de ça qui va te revenir, que ça soit, faire pousser des légumes ou de te donner du temps dans des OBNL comme administrateur. Tu n'as pas besoin de nécessairement beaucoup d'argent.

Ça peut être quelques milliers de dollars pour dire… tu as un neveu, tu as un ami qui veut se lancer dans une business ? Tu y crois, tu penses que la personne est sérieuse, tu penses qu'il y a des chances que ça marche et tout ? Investir, ce ne sont pas juste des millions à la bourse. Des fois, ça peut-être un 10 000 dollars qui fait que quelqu'un puisse lancer son restaurant. Pour nos petits neveux, une table puis trois pots pour faire de la limonade. Une boîte de Timbits pour les partir en business ! Ça peut être 50$, ton investissement de base dans Limonade Inc !

S & F - (Rire)

S - Aujourd'hui, quel est ton rapport avec ton père ? Quand il regarde tout ce que tu as fait. Est-ce qu'il fier de toi ?

F - Mon père est décédé au mois de mars.

S - Désolé, excuse-moi.

F - Mais non, c'est correct, ça ne me dérange pas d'en parler. Parce que mon père dans le fond, assez jeune, vers la mi-soixante. Il a développé une forme assez agressive de l'Alzheimer.

S - Ok.

F - Donc, ça a été assez graduel, ce qui est un peu ironique, c'est que mon père, c'est comme je vous ai dit tout à l'heure, il n'a pas très bien géré ses finances toutes ces années. Même, je ne me rappelle plus à quels âges, mais en tous cas, dans la cinquantaine, il a fait une faillite personnelle. C'était comme, un peu, un peu... Ce n'était pas cool. Pourtant ce n'est pas dramatique, on est au Canada. Ce n’est pas comme carrément la mafia qui vient te casser les jambes.

Il y a quelqu'un qui est venu et a saisi le voilier de mon père dans notre cour. Carrément, tous les actifs, ils viennent te les prendre, l'auto, tout ce que tu possèdes, ils te le prennent. On avait été chanceux de pouvoir garder la maison. Il avait renégocié l'hypothèque de la maison. Donc on n’a pas eu à déménager. Ce n’était pas une période nécessairement facile. Puis à partir du moment où il avait moins la capacité de s'occuper de lui puis de ces affaires. On a, avec ma sœur puis mon frère. On a décidé que moi j'allais m'occuper de ses finances.

S – Ok

F - Dans le fond, depuis 10 ans je m'occupe du volet financier de sa vie. Il était placé dans un centre. C'était le running gag. Mais mon père n’a jamais été aussi riche que depuis que je m'occupe de ces affaires.

S - C'est une belle histoire, je trouve, quand même.

F - Ouais... Mais il n’est pas mort riche. Mais, je veux dire, qu'il a manqué de rien pendant ces dix dernières années de sa vie. C'est ça, il est décédé juste avant la COVID dans le fond.

S - Ok.

F - Et puis, c'est ça. On a pu lui dire au revoir juste il y a quelque semaine. Mais c'est ça. Je pense qu'il serait fier. Parce qu’il me disait souvent... il n'était pas bon, mais il savait qu'il n'était pas bon. Puis, je me rappel des conversations quand je faisais mon choix d'université. Je suis allé aux HEC, au début, au BAC, puis il me disait: « Tu vas voir les économistes, ce sont les numéros deux dans les grandes banques. » Puis pour lui... qui était fonctionnaire, c'était comme... Il n'avait pas un rapport... Mais pour lui c'était comme... C'était une position privilégiée d'être économiste.

S - Francis, merci beaucoup d'avoir participé.

F - Merci à toi, Stéphane !

S - Honnêtement, c'était une super belle discussion. J'aime beaucoup. Ton enfance à aujourd'hui… Je crois qu'on peut conscientiser les jeunes. On peut avoir une belle histoire de vie, puis on peut parler de l'argent sans être gêné d'en parler.

(Musique)

Merci tout le monde ! Merci d'avoir écouté !

L'argent, on peut réaliser que ça joue un rôle énorme dans nos vies. Mais c'est pas toujours facile d'en parler. Je pense que c'est important d'en discuter de manière ouverte et franche parce que ça peut améliorer notre santé mentale, physique ou financière.

Si vous avez des questions, ben, vous pouvez trouver des ressources pour vous aider à Sunlife.ca

Merci d'avoir écouté cet épisode du Balado De temps et d'argent ! Mon nom est Stéphane Fallu. Ce fut un plaisir !