Quand vos enfants étaient petits, vous leur avez parlé d’argent. Vous leur avez montré comment gérer leur argent de poche. Vous avez raconté que tristement, l’argent du guichet automatique n’était pas un cadeau de la banque. Et vous les avez encouragés à économiser leur salaire de job d’été.

Ce dont vous ne leur avez probablement pas parlé, c’est de votre propre argent. Après tout, en quoi ça les regarde, pas vrai?

Pourtant, le jour arrivera où cette question les concernera. Par exemple, s’ils sont liquidateurs de votre succession, ils devront savoir absolument tout de vos finances après votre décès. On parle ici de choses qui étaient très personnelles de votre vivant :

  • La valeur de votre maison et du prêt hypothécaire restant à payer
  • La valeur totale de vos dettes
  • Le montant de votre assurance-vie et la compagnie avec laquelle vous faites affaire
  • Le solde de vos comptes bancaires, de vos REER, FERR, CELI et autres placements
  • La valeur – et la répartition – de votre héritage

Alors, la grande question : d’ici là, vous leur en dites combien sur votre argent?

Qu’est-ce que le grand transfert de patrimoine? Et pourquoi faut-il y préparer ses enfants?

Parler d’argent et de succession se fait souvent au pays ces jours-ci. Nous sommes en plein cœur de ce qu’on appelle le « grand transfert de patrimoine ». Cela a commencé en 2016, quand les plus âgés des baby-boomers ont eu 70 ans. D’ici 2026, ce sont environ 1 billion (oui, 12 zéros après le 1!) de dollars en patrimoine personnel qui passeront d’une génération à l’autre au Canada. Des observateurs comme Environics Research (en anglais seulement) qualifient ce phénomène de plus grand transfert de patrimoine de l’histoire. Et ce ne sera pas fini en 2026, loin de là. Les boomers les plus âgés seront nombreux à dépasser les 80 ans, mais les plus jeunes de cette génération les suivront. Conclusion : beaucoup d’argent passera d’une génération aux autres pendant les 25 prochaines années. Et le vôtre pourrait en faire partie.

Sachant cela, la Sun Life a récemment commandé un sondage à la société Ipsos. Nous avons demandé :

  • aux baby-boomers : combien d’argent ils pensaient laisser en héritage à leurs enfants;
  • aux millénariaux : combien d’argent ils s’attendaient à recevoir en héritage.

Les résultats sont étonnants. Les millénariaux s’attendent à hériter du tiers seulement de l’argent que leurs parents se préparent à leur laisser!

Une telle surprise financière peut d’abord sembler formidable. Elle comporte pourtant son lot de pièges. Vos enfants savent-ils comment gérer de telles sommes? Ils ont peut-être vécu des défis professionnels ou ont eu du mal à accéder à la propriété. Ainsi, il se peut qu’ils ne soient pas outillés. S’ils manipulent de si gros montants sans trop savoir ce qu’ils font, l’argent pourrait leur brûler les doigts. L’héritage censé assurer leur avenir pourrait s’évaporer à cause de l’impôt ou de mauvaises décisions de placement.

Le projet d’héritage doit donc se faire en trois étapes :

  1. Décider de ce que vous leur direz au sujet de votre argent.
  2. Avoir la conversation avec eux.
  3. Leur offrir une source de conseils.

Pour commencer, l’avocat Jim MacKay et le conseiller Sun Life Trevor Theobald CFP®, CLU®, CHS™ répondent à quelques-unes des questions les plus courantes.

Pourquoi préparer vos enfants à gérer leur patrimoine?

Vous voulez aider à préserver l’héritage que vous avez passé des années à bâtir. De plus, vous voulez offrir à vos enfants des bons outils pour gérer leur propre argent. Trevor Theobald propose de commencer dès leur jeune âge. Abordez avec eux des sujets comme la prévision budgétaire, les impôts, le crédit et les intérêts composés. De cette façon, il sera naturel de parler d’argent avec eux plus tard. Au fil de ces discussions, vous consoliderez votre propre confiance en ce qui a trait à vos finances.

Parler à vos enfants de l’héritage que vous comptez leur laisser : les pour et les contre

C’est là que l’avocat et le conseiller diffèrent d’opinion.

Selon le conseiller Trevor Theobald, il y a davantage de pour que de contre. Si vous devenez invalide, vos enfants pourraient devoir prendre en charge vos finances en devenant vos mandataires. Vous vous féliciterez alors d’avoir déjà eu cette conversation avec eux. Ils en sauront déjà beaucoup sur vos investissements et avec qui vous faites affaire.

S’ils ne savent rien de vos finances de votre vivant, ils devront quand même s’en occuper à votre décès. En parler maintenant vous permettra d’éviter à vos enfants d’éventuelles surprises. De plus, en étant bien informés d’avance, ils seront plus confiants pour gérer leur héritage.

Maintenant, les contre. Il se pourrait que vous vous prépariez à léguer une somme considérable. Le sondage de la Sun Life révèle que les baby-boomers qui s’apprêtent à tout léguer à leurs enfants laisseront un héritage d’environ un million de dollars. Selon M. Theobald, s’attendre à un si gros montant pourrait porter atteinte à l’éthique de travail de vos enfants. Ils pourraient se mettre à mal gérer leurs finances ou à s’endetter excessivement. Et, prévient-il, « ils pourraient s’attendre à ce que leur héritage règle tous leurs problèmes ». S’ils deviennent responsables de votre argent de votre vivant, cela pourrait même les amener à ne pas utiliser votre argent pour payer les soins de santé dont vous avez besoin. »

À l’extrême, la situation pourrait même dégénérer en un cas d’exploitation financière des personnes âgées. C’est un problème très réel et de plus en plus répandu. « J’ai vu trop de parents être contrôlés et se faire voler d’importantes sommes d’argent par leurs enfants adultes, raconte Jim MacKay. À mesure qu’ils vieillissent, certains parents deviennent de plus en plus dépendants de leurs enfants. »

Devant ce constat, l’avocat conseille la prudence. « En général, je recommande de limiter la part d’information divulguée sur le testament et les finances. Selon mon expérience, la plupart des enfants adultes traitent avec respect les informations que leur transmettent leurs parents. Cependant, dès qu’ils se savent bénéficiaires, certains enfants développent un rapport intéressé avec les avoirs de leurs parents. Ils pensent qu’ils ont leur mot à dire sur la façon dont leur parent dépense ce qu’ils considèrent désormais comme leur héritage. »

Alors, comment faire pour réduire ces risques? « L’une des solutions consiste à dire à vos enfants qu’ils hériteront, mais pas de combien. Ne leur montrez pas votre testament dit Jim MacKay. Ce type de documents est à mon avis privé et confidentiel. En général, je déconseille de divulguer ces informations à quiconque détient une procuration, agira comme liquidateur ou sera bénéficiaire. Des clients m’ont dit que leurs enfants n’étaient pas d’accord avec ce qu’ils avaient mis dans leur testament. »

Autrement dit, indiquez à vos enfants où se trouve le testament, mais pas ce qu’il contient.

Il faut aussi mettre l’accent sur le fait que, peu importe vos plans, tout peut toujours changer. Une baisse des marchés ou une maladie entraînant des soins de santé onéreux pourraient réduire considérablement vos avoirs. Vous pourriez aussi vivre plus longtemps que prévu. Vous utiliserez donc vous-même une plus grande partie de votre argent.

Pour vous protéger de l’exploitation financière, vous pourriez désigner comme mandataire un tiers professionnel (comptable, fiduciaire). Évidemment, il faut payer pour ces services, mais cette dépense pourrait en valoir le coût.

Votre conseiller peut aussi vous proposer de nommer une « personne de confiance ». Quelqu’un qui n’est pas de la famille qu’il pourra contacter si vous lui faites une demande inhabituelle ou suspecte. Par exemple, demander de faire un très gros retrait sans fournir d’explication, à une période inhabituelle de l’année. « Le mandat de la personne de confiance est de prévenir l’exploitation des aînés, explique Trevor Theobald. Cette personne est une deuxième ligne de défense servant à protéger une personne d’événements fâcheux. »

Voici d’autres informations au sujet de la personne de confiance provenant de la Commission des services financiers et des services aux consommateurs du Nouveau-Brunswick :
Qu’est-ce qu’une personne de confiance et pourquoi vous devriez en nommer une.

Est-ce une bonne idée de transmettre une partie de votre patrimoine à vos enfants de votre vivant?

« Absolument, répond Trevor Theobald. C’est ce qu’on appelle le don de son vivant, et c’est effectivement un très beau geste. Il vous permet de constater les bienfaits qui découleront de ce cadeau. Cela pourrait aider votre enfant à s’acheter une première propriété. Ou encore, à lancer son entreprise, à planifier son mariage ou à célébrer une importante étape de sa vie. » Vous pourriez même financer un voyage multigénérationnel en famille à Disney World!

Il est probable que vos enfants aient bien plus besoin de cet argent à 30 ans qu’à 60. Vu l’état des marchés immobiliers, leurs chances de devenir propriétaires sans votre aide sont minces. « La clé, c’est de leur donner l’argent tout en demeurant solvable, explique le conseiller. Vous devez pouvoir assumer vos dépenses et vos dettes à venir. N’oubliez pas de conserver un coussin en cas d’imprévus. Si vous cochez toutes ces cases, je vous encourage de tout cœur à foncer! »

Dans ces conditions, Jim MacKay abonde dans le même sens. Il ajoute que l’exercice pourrait servir à tester le sens des responsabilités de vos enfants. La manière dont ils géreront cet argent vous aidera à décider des dispositions testamentaires à prendre – ou à changer.

En quoi un accompagnement professionnel est-il judicieux?

Alors, on opte pour la confiance ou pour la prudence? Votre conseiller ou votre avocat sont les mieux placés pour vous aider à prendre une décision éclairée et à vous préparer à avoir cette conversation avec vos enfants.

« Nous accompagnons très souvent les Clients et leur famille dans ce genre de discussions, indique Trevor Theobald. Parfois, ça implique de rencontrer un Client et ses enfants ensemble. D’autres fois, nous rencontrons les enfants séparément. Et si le moment n’est pas le bon, la porte reste ouverte. »

Votre avocat joue un rôle un important dans cette démarche – avant même que vous n’en parliez avec vos enfants. « Parlez d’abord à votre avocat, conseille Jim MacKay. Établissez clairement les balises des discussions que vous aurez avec vos enfants : allez-vous leur demander conseil? Leur indiquer l’emplacement et les modalités de vos documents financiers et juridiques? Votre avocat peut examiner avec vous divers enjeux qui pourraient se présenter dans les discussions avec vos enfants. De cette façon, vous vous préparerez aux éventuelles objections et aux réactions qu’ils pourraient avoir. »

Il ne fait aucun doute que les conversations autour de l’argent peuvent être difficiles, surtout avec vos enfants adultes. Mais c’est à vous de décider ce que vous dites et ce que vous ne dites pas. En discutant avec eux de manière réfléchie, vous pouvez préparer vos enfants pour l’avenir et vous offrir une tranquillité d’esprit.

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Cet article ne vise qu’à fournir des renseignements d’ordre général. La Sun Life du Canada, compagnie d’assurance-vie n’offre pas de conseils juridiques, comptables ou fiscaux ni d’autres conseils professionnels. Au besoin, veuillez consulter un professionnel spécialisé qui fera un examen approfondi de votre situation juridique, comptable et fiscale.