Lorsque le fossé est trop grand entre notre emploi actuel et celui que l’on souhaiterait avoir, un retour aux études peut sembler la seule solution pour réaliser ses aspirations professionnelles. Mais une fois un parcours professionnel choisi, il faut bien réfléchir avant d’en entamer un nouveau.

Vous avez l’impression de ne pas ou de ne plus être au bon endroit sur le plan professionnel? Vous caressez l’idée d’un retour aux études? Après plusieurs années sur le marché du travail, avec un conjoint, des enfants, un prêt hypothécaire à rembourser et le solde de vos cartes de crédit à payer, la marche est toutefois très haute! Voici quelques points importants à considérer dans votre réflexion.

Le bon moment?

Rassurez-vous, car en soi, il n’y a pas vraiment de bon moment pour retourner sur les bancs d’école. « Il y a plutôt une personne qui a l’impression qu’elle est ‘’à côté’’ de sa vie, ou qu’elle ne reçoit pas ce qu’elle mérite sur le plan matériel et social, en pouvoir d’action et en responsabilités professionnelles. Dans les deux cas, elle vit une insatisfaction au travail », explique Louis Cournoyer, conseiller d’orientation et professeur en counseling de carrière à l’Université du Québec à Montréal.

Quand le fossé est trop grand

Plus l’insatisfaction au travail est forte, et plus l’individu se mettra en quête de solutions. Car il y a un coût à ne pas agir : la frustration, les frictions avec les collègues et les proches, voire la dépression et l’épuisement professionnel.

De prime abord, la personne pourra se demander si ses compétences actuelles sont transférables dans un autre champ d’activité. Mais si le fossé est trop grand entre ce qu’elle souhaite faire et ses acquis réels, alors il y a fort à parier qu’elle devra envisager un retour aux études.

Faire une mise au point

Mais tout ceci ne s’improvise pas! Prendre la bonne décision implique que l’on entame un processus de réflexion sur soi et ses aspirations. « Avant de se lancer, on doit faire le point sur ce que l’on veut, sur ce que l’on est et sur ce que l’on est prêt à faire. Cette démarche implique que l’on pose un regard objectif sur notre passé et notre présent, mais aussi sur ce que l’on espère pour l’avenir. On s’efforce aussi de trouver le fil conducteur qui a guidé toutes nos expériences jusqu’ici », indique Louis Cournoyer.

Réorientation à 180° ou pas?

Pour s’épanouir dans son emploi à nouveau, un changement radical n’est pas toujours nécessaire ni même souhaité par la personne concernée. Avant de retourner aux études, on peut réfléchir aux possibilités que nous offrent nos acquis : changer pour un poste de même niveau, mais dans un autre service, une autre entreprise ou un autre secteur d’activité, ou encore pour un poste de niveau supérieur. Dans ce dernier cas, il manquera souvent un « plus ou moins grand petit quelque chose », dit M. Cournoyer. Une formation de courte durée dans un établissement public ou privé pourrait suffire pour combler les besoins. Qui plus est, dans certains cas, l’employeur pourrait être prêt à rembourser les frais de scolarité, en totalité ou en partie, selon les études qu’on compte entreprendre. Voilà pourquoi il vaut la peine de poser la question à notre gestionnaire.

Qui peut nous guider?

Un professionnel en orientation ou en counseling de carrière peut nous aider à faire le point et à choisir les meilleures options qui s’offrent à nous.

Parlons d’argent

Retourner aux études engendre nécessairement des renoncements et des coûts. Plus que les frais de scolarité, c’est le fait ne pas avoir un emploi rémunérateur qui pèse très lourd dans le budget, puisque les factures à payer, elles, n’ont pas disparu pour autant!

Pour alléger ce poids financier, on peut avoir recours au Régime d’encouragement à l’éducation permanente (REEP), qui permet de retirer jusqu’à 10 000 $ par an de son REER, et ce, pendant quatre ans, pour un maximum de 20 000$, afin de payer ses frais de scolarité ou ceux de son conjoint. On a ensuite 10 ans pour rembourser, explique la planificatrice financière Suzie Labbé de la Financière Sun Life. « On peut aussi économiser avant d’arrêter de travailler et placer cet argent dans son REER. Le remboursement d’impôt obtenu aidera à payer les frais courants », conseille-t-elle.

L’appui du conjoint et des proches

Puisqu’un éventuel retour aux études aura un grand impact sur notre conjoint et notre famille tout entière, le soutien de nos proches est essentiel. Ce soutien dépasse simplement d’assumer, en famille, un budget familial à la baisse qui pourrait demander à chacun certains sacrifices. Cela pourrait demander que chaque membre de la famille assume une plus grande part de tâches et de responsabilités, ou encore, qu’on se tourne davantage vers une aide pour la garde des jeunes enfants. Les proches seront aussi d’un précieux secours pour offrir un soutien psychologique, surtout en périodes de stress plus important, comme les fins de sessions. C’est le moment de discuter de ce projet à cœur ouvert, un projet qui pourrait permettre, au bout du compte, d’améliorer la situation financière de toute la famille.