Lisez ce qui suit pour une analyse technique des marchés financiers au deuxième trimestre.

Points saillants

  • Durant le trimestre, les tensions commerciales liées aux États-Unis sont demeurées une préoccupation macroéconomique importante et ont influencé l’humeur du marché.
  • Les actions ont dégagé des rendements absolus positifs, notamment en raison de l’inflation modérée, des faibles taux d’intérêt et des bénéfices des entreprises encourageants.
  • Toutefois, certains investisseurs se sont tournés vers des valeurs refuges comme l’or, les obligations d’État et les devises comme le yen.
  • Malgré la vigueur du marché de l’emploi au Canada, les prix du pétrole demeurent préoccupants, de même que la dette des consommateurs, la productivité et le volume des exportations.
  • Les investisseurs commencent à adopter des points de vue différenciés à l’égard des actions des divers pays émergents. Cette catégorie d’actif est demeurée relativement stable durant la période malgré les difficultés connues par certaines économies (par exemple, la Turquie).

Impact du conflit commercial entre les États-Unis et plusieurs pays

Durant le deuxième trimestre de 2019, des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, le Canada, le Mexique et l’Europe ont persisté. Ces conflits commerciaux ont non seulement des répercussions économiques sur les pays touchés, mais également sur le reste du monde. Ces tensions ont un effet dominant sur l’humeur des participants aux marchés.

Le conflit avec la Chine dépasse le cadre des négociations tarifaires et touche désormais d’autres enjeux – sécurité nationale, cybersécurité et lutte pour dominer le secteur des nouvelles technologies.

Durant le dernier trimestre, ces différends ont eu un impact important sur le commerce mondial et ont entraîné une forte diminution des mouvements de capitaux dans la plupart des grandes économies, ainsi qu’un repli marqué de l’activité manufacturière.

Les marchés boursiers fléchissent, mais ne s’effondrent pas

Les actifs risqués, comme les actions, se sont généralement bien comportés durant la période. Aux États-Unis, l’indice Standard & Poor’s (S&P) 500 était à 1 % de son sommet historique en avril et a terminé le trimestre en hausse de 3 %. Au Canada, l’indice composé S&P/TSX a dégagé un rendement de 8 % sur le trimestre et d’environ 16 % depuis le début de l’année.

Dans l’ensemble, l’inflation est demeurée contenue et les taux d’intérêt sont restés historiquement bas, permettant ainsi aux actions de mieux tolérer les tensions commerciales. Les actions ont également bénéficié des solides bénéfices générés par la plupart des sociétés cherchant à minimiser la perturbation des échanges commerciaux.

Les négociations entre les États-Unis et la Chine ont été interrompues à plusieurs reprises. Le président américain Donald Trump et le président chinois Xi Jinping ont récemment repris les discussions, nouvelle qui a été bien accueillie par les marchés. La Chine poursuit l’adoption de mesures de relance. La vigueur de l’économie chinoise est essentielle à la croissance mondiale, particulièrement pour les principaux partenaires commerciaux (p. ex., pays européens).

Toutefois, sur fond d’intensification des conflits commerciaux, les exportations de l’Europe et du Japon (entre autres) se sont repliées. Étonnamment, les marchés boursiers n’ont pas cédé aux pressions. Par exemple, l’indice MSCI Europe a gagné 1 % durant la période et l’indice MSCI Japan a gagné 0,4 %. Les investisseurs semblaient s’attendre à une résolution des conflits et au maintien de politiques monétaires accommodantes par les banques centrales pour soutenir l’économie mondiale lors des périodes difficiles.

Des signaux contrastés concernant l’économie canadienne

L’économie canadienne demeure robuste grâce à un marché de l’emploi vigoureux. La volatilité du secteur de l’énergie demeure préoccupante, bien que le prix du pétrole Western Canadian Select (WCS) ait bondi d’environ 46 % depuis le début de l’année après avoir connu des baisses marquées. Le pétrole WCS se négociait à environ 43 $ US le baril à la fin du trimestre, alors que le Canada a connu des difficultés à mettre en service de nouveaux pipelines d’approvisionnement. Le pétrole brut Brent et le pétrole West Texas Intermediate (WTI) se négocient à prime par rapport au WCS.

Les consommateurs canadiens sont parmi les plus endettés du monde, avec un ratio de la dette au revenu d’environ 178 %. Ce ratio est préoccupant, mais il diminue graduellement. La Banque du Canada (BdC) cherche toujours à réduire la dépendance de l’économie à l’égard des consommateurs et du marché du logement. Dans cette optique, le Canada a pris des mesures pour stimuler les investissements des entreprises, la productivité et les exportations. Les résultats ont été mitigés jusqu’à présent. Le pays pourrait subir un ralentissement ou une récession en 2021 (tout comme les États-Unis) si les enjeux commerciaux demeurent en suspens.

Stabilité relative sur les marchés émergents

Les marchés émergents étaient autrefois considérés comme formant une catégorie d’actif monolithique, mais certains arrivent à maturité et commencent à définir leur propre trajectoire économique. Par exemple, les économies de la Corée du Sud et de la Turquie diffèrent grandement, tout comme celles du Mexique et du Venezuela. Il est facile de déterminer si un pays émergent traverse une période d’austérité économique ou ne gère pas bien sa monnaie ou son déficit. Par exemple, la Turquie a augmenté ses investissements dans les programmes sociaux, mais a aussi accru son niveau d’endettement. Ainsi, sous la pression des marchés, ce pays a dû relever les taux d’intérêt, maîtriser l’inflation et remettre de l’ordre dans ses finances.

Jusqu’à présent, les investisseurs ont considéré les tensions en Turquie comme un enjeu local non lié aux autres pays émergents (en raison des facteurs économiques propres à ce pays). Les marchés émergents ont été généralement stables malgré les difficultés connues par la Turquie. Durant la période, l’Argentine et la Russie sont les pays émergents qui se sont le plus distingués, affichant des gains de 25 % et de 13 % respectivement.

Tendance baissière des taux d’intérêt

La Réserve fédérale américaine (Fed) exerce également une influence importante sur le marché. Nous nous attendons à ce qu’elle réduise les taux d’intérêt pour soutenir l’économie. Le taux de l’obligation du Trésor américain à 10 ans a reculé de près de 40 points de base sur le trimestre, ce qui représente une forte aversion pour le risque, entraînant ainsi une hausse des prix obligataires et une baisse des taux.

Les obligations des sociétés procurent généralement une prime par rapport aux obligations d’État en raison du risque supérieur assumé par les investisseurs. Étonnamment, les écarts de taux sont restés à des niveaux raisonnables plutôt que de s’élargir malgré l’agitation des marchés. Cela s’explique essentiellement par le fait que, bien que les investisseurs soient préoccupés par l’impact des enjeux commerciaux sur la croissance, ils jugent les tensions qui y sont associées insuffisantes pour compromettre leur solvabilité ou leur cote de crédit.

Lors de la réunion du 19 juin du Federal Open Market Committee, la Fed a fait part de son intention d’adopter une attitude conciliante et de potentiellement réduire les taux d’intérêt en juillet. Juste avant, la Banque centrale européenne avait indiqué qu’elle adopterait une politique plus accommodante à l’égard des taux d’intérêt et qu’elle reprendrait son programme d’achat d’obligations. Déterminées à maintenir l’accent sur la croissance, d’autres banques centrales se montrent aussi prêtes à adopter une telle approche.

La BdC n’est pas dans la même situation que les autres banques centrales. Les taux d’intérêt sont relativement bas au Canada et l’accent est mis sur l’évitement de la surchauffe du marché du logement et d’un repli économique important. Des politiques et des règles ont été mises en place pour gérer le marché immobilier, notamment afin de limiter des investissements étrangers.

En raison des efforts déployés dans des régions ciblées, des réductions de taux d’intérêt (qui stimulent les investissements immobiliers) semblent moins probables. Pour l’instant, la BdC maintient son taux du financement à un jour à 1,75 %, tandis que le taux d’inflation se rapproche de la cible de 2 %.

Perspectives économiques

La confiance des investisseurs devrait s’améliorer si les négociations entre la Chine et les États-Unis progressent.

Le respect des droits de propriété intellectuelle demeure un enjeu clé. Tout conflit commercial prolongé aura probablement un impact considérable sur la croissance économique.

Avant le début du trimestre, les investisseurs s’attendaient généralement à un second semestre solide en 2019, mais cette perspective est remise en question. L’orientation des investisseurs sera déterminée au cours des prochains mois, ce qui pourrait avoir une incidence importante sur le rendement à court terme des marchés.

Le Canada bénéficie de sa relation commerciale avec les États-Unis, la principale économie mondiale. Néanmoins, si les tensions commerciales persistent d’ici la fin de l’année, ce partenariat deviendra une arme à double tranchant. Le Canada prospère quand la demande est forte chez son voisin du Sud, mais si ce dernier est touché par un ralentissement économique, le Canada aura du mal à éviter de subir le même sort.

Au cours des prochains mois, les marchés financiers seront exposés à des risques géopolitiques importants, qui auront des répercussions considérables sur leur dynamique.

Dec Mullarkey est directeur général de la stratégie de placement au sein de Gestion SLC. Il est également professeur associé au Boston College.

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